Solidarité

La Namibie, vingt ans après Energies 336 - Bruno Colombari

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L’ambassadeur de Namibie en France est venue à la Médiathèque Nelson-Mandela, dont la libération en février 1990 a précédé de quelques semaines l’indépendance de la Namibie. L’occasion de saluer l’implication de Gardanne dans la lutte anti-apartheid.

Après Dulcie September en 1986, Johnny Clegg en 2007 et Konji Sebati (ambassadrice d’Afrique du Sud) l’année dernière, c’est un nouveau visiteur de marque qui a été reçu à Gardanne le 23 avril dernier. Une visiteuse, plutôt, puisque Panduleini-Kaino Shingenge est l’ambassadeur de Namibie en France (et déléguée permanente à l’Unesco).

Pourquoi la Namibie ? Parce que l’histoire de ce pays du Sud-Ouest africain, plus grand que la France et peuplé de 2,2 millions d’habitants (la moitié de la région Paca), est étroitement liée à celle de l’Afrique du Sud. Et pour cause : colonisée tout d’abord par l’Allemagne, la Namibie (dont le sous-sol contient de l’uranium, du cuivre, de l’argent et des diamants) est conquise par l’Afrique du Sud en 1915. Des lois raciales y sont appliquées, puis l’apartheid en 1959. Il sera aboli vingt ans plus tard, alors qu’à partir de 1985 la position de l’Afrique du Sud s’affaiblit sous la pression internationale.

En Namibie, la Swapo (mouvement indépendantiste armé) remporte les premières élections de 1989. L’indépendance est proclamée le 20 mars 1990 en présence de Nelson Mandela, libéré un mois plus tôt après 27 ans de captivité.

« Gardanne est une ville minière où les mineurs ont refusé le charbon de l’apartheid et ont milité pour la libération de Mandela, » a souligné madame l’ambassadeur peu après son arrivée à Gardanne. « C’est aussi grâce à la France que nous avons obtenu notre indépendance. Maintenant, nous n’oublions pas que d’autres peuples ont besoin de notre soutien, comme au Sahara occidental, au Sierra- Leone ou en Palestine. »

Roger Meï, qui l’a accueillie avant de l’accompager à la place Dulcie-September, a rappelé les liens forts entre Gardanne et la Mauritanie ou le Burkina Faso. Si les ressortissants namibiens sont très peu nombreux en France (environ 150 selon l’ambassade, essentiellement des étudiants), Panduleini-Kaino Shingenge a pour mission de renforcer les liens économiques et culturels entre son pays et la France, ce qu’elle a fait à Marseille.

Dans la délégation qui l’a accompagnée à Gardanne, se trouvait Octave Lepizzera, représentant de l’Afaspa (association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique) à Marseille, et coauteur du livre Free Mandela. « Actuellement, les relations entre l’Afrique du Sud et la Namibie sont très bonnes. Tant que Nelson Mandela est en vie, les choses se règlent, c’est un vieux sage. Quand il ne sera plus là, il risque d’y avoir des poussées de fièvre dans la région.  »

A moins d’un mois de la première coupe du monde organisée en Afrique, et alors que les médias se focaliseront sur Johannesbourg, Le Cap ou Pretoria, on n’oubliera pas le voisin namibien, qui tente de répondre aux besoins de sa population (durement touchée par le Sida) en nouant des coopérations avec l’étranger.