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La Grande Guerre en Chansons Energies 427 - Jeremy Noé

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Un réalisateur gardannais a travaillé avec Radio France pour illustrer en clips des chansons de la 1ère Guerre Mondiale. Le résultat, présenté à la médiathèque Nelson- Mandela et visible librement sur internet, tient autant du devoir de mémoire que de la culture pop.

CET AUTOMNE 2014 EST PARTICULIER, OUTRE D’OFFRIR UNE MÉTÉO APOCALYPTIQUE, IL EST LE CADRE DU CENTENAIRE DE LA 1ÈRE GUERRE MONDIALE, commémoré par une kyrielle d’initiatives. En marge des cérémonies solennelles, la très vénérable radio France Bleu a entrepris d’exhumer des chants de cette période : grands succès de l’époque, chants des régiments, comptines apprises aux enfants, ou encore chansons antimilitaristes circulant sous le manteau... toutes orchestrées et enregistrées avec Le chœur et La maîtrise de Radio France. Ces chansons ont donné lieu à un travail multimédia : chroniques à l’antenne, et, pour quatre d’entre-elles, des clips animés. Les réalisateurs étaient les invités de la médiathèque Neslon-Mandela le 28 novembre dernier.

Éric Beraud est Gardannais, il a signé deux clips, et supervisé le travail de Marie-Jo Long et Jean-Luc le Goupil, un clip chacun. Tous trois ont livré leurs secrets de fabrication devant une salle conquise. Pour Tourneuses d’obus,chant des femmes qui bossaient à l’usine de munitions, Éric a imaginé un groupe de chanteuses délurées, tandis que son interprétation pour La 3e couleur (chant destiné à galvaniser le sentiment anti-allemand, sur l’assassinat fictif d’un petit garçon fusillé par des soldats) est un livre d’images animé avec délicatesse. Marie-Jo a utilisé des petits soldats en plastique pour illustrer Hardi, les gars, un chant à la gloire des Zouaves. Enfin, a l’aide de collages (numériques) Jean-Luc s’est attelé à la lourde tâche de mettre en images La chanson de Craonne, chanson antimilitariste qui se passait sous le manteau pendant la guerre, et pour cause : elle accompagnait les mutinés.

« Ces chants avaient un forte charge émotionnelle, c’est pas de la pop, ça passe pas à la télé, c’était un peu à prendre ou à laisser, » explique Éric. Son clip Les Tourneuses d’obus use abondamment des papiers, bouts de bois, objets rétro, trucs bricolés dont des obus modelés par Sandrine Baillon, céramiste à la Tuilerie Bossy de Valabre.

Éric explique : « J’ai pris ce film car un ami s’est désisté. J’avais vraiment pas beaucoup de temps devant moi, c’est aussi ce qui m’a décidé à choisir cette technique d’animation. Et en écoutant cette chanson, j’ai trouvé que ça faisait un peu groupe de rock.J’ai habité dans le Nord de la France, il y avait souvent des culasses d’obus utilisées comme pots de fleurs, et j’avais envie de reprendre ça. »

Les accessoires utilisés pour son clip ont été exposés une quinzaine de jours à la médiathèque.

LE TRAVAIL MENÉ PAR LES TROIS RÉALISATEURS POUR FRANCE BLEU DONNE UNE ÉTONNANTE JEUNESSE À CES CHANSONS VIEILLES D’UN SIÈCLE, devenus pop par la grâce de clips très inventifs, évoquant le cinéma de Michel Gondry. Un devoir de mémoire à l’heure d’internet et du multimédia, qui n’en est que plus vivant, même si les décideurs peuvent encore se montrer frileux quand il s’agit de sortir du cadre solennel, justement : « Le clip que je vous montre aujourd’hui est la version non censurée, car la première version a été retoquée, » explique Marie-Jo, réalisatrice de Hardi,les gars.

Son utilisation de petits soldats de la Seconde Guerre mondiale aurait semble-t-il été jugée trop anachronique. Dommage, car artistiquement, et symboliquement, elle a tout son sens.