Economie

L’urgence d’un vrai dialogue Energies 376 - Bruno Colombari

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Alors qu’un comité central d’entreprise d’E.on doit se tenir en juin, l’incertitude demeure sur l’avenir du groupe IV de la centrale thermique. Élus et syndicalistes se mobilisent pour un comité de suivi et une table-ronde.

Le 26 avril, la fumée noire des pneus enflammés monte dans le ciel bleu de La Palun. C’est jour de mobilisation à la centrale thermique. Et pour cause : trois ans après l’annonce, par E.on, de la fermeture de la tranche IV de la centrale de Gardanne, la CGT se bat pour que le projet de conversion en centrale biomasse (le bois remplaçant le charbon) soit enfin validé. « En vingt ans, nous avons vu la politique énergétique du pays changer radicalement : on est passé d’une logique de réponse aux besoins de la population, à une stratégie de maximisation du profit, quitte à créer artificiellement de la pénurie. Nous portons le projet de transformation du groupe IV en centrale à biomasse, de développement d’une filière bois en région Paca, de sauvegarde de l’emploi et de notre capacité de production. »

E.on France, dont la Snet (société nationale d’électricité et de thermique) qui exploite la centrale est une filiale à 100%, avait annoncé en juin 2011 la fermeture de cinq tranches d’ici 2015 en France, soit 535 emplois supprimés. Depuis, le gouvernement Fillon a retenu en octobre quinze projets de production électrique à partir de la biomasse, dont celui de Gardanne, décision confirmée en mars dernier. Et depuis, rien. La Préfecture des Bouches-du-Rhône n’a toujours pas publié d’autorisation d’exploitation. Une situation qui inquiète, le mot est faible, les salariés du site, alors que l’industriel allemand souffle le chaud (auprès du Sous-préfet en charge du dossier) et le froid (auprès des représentants syndicaux).

Pour tenter de débloquer la situation et faire bouger la préfecture, la CGT avait organisé une rencontre le jour du piquet de grève avec les élus locaux : Roger Meï et Yveline Primo pour la Mairie de Gardanne, Claude Jorda (Conseiller général) et Richard Mallié (Député). « Il va y avoir une enquête publique, souligne Nadir Hadjali, délégué CGT à la centrale. Que va faire l’industriel après ? Pour l’instant, il n’y a aucun engagement ferme de la part d’E.on, qui nous dit recalculer son taux de rentabilité, puis qui nous parle de sécurité du site, de propreté. » Pour Yveline Primo, « c’est un dossier d’ampleur nationale : quelle politique énergétique pour la région et pour la France  ? Il faut construire une filière bois dans la région pour que le projet se réalise. Comment faire si on ne met pas les partenaires et les élus autour de la table ? »

Le jour même, Roger Meï a adressé un courrier au Préfet des Bouches-du- Rhône lui demandant qu’une « table-ronde réunissant l’ensemble des partenaires, représentants de l’État, élus locaux, organisations syndicales et E.on se tienne avant mi-juin, date à laquelle pourrait être annoncé un plan de restructuration. Nous souhaitons faire un point sur l’avancement du dossier. Malgré la décision de l’État, des incertitudes demeurent qui inquiètent les salariés. Nous proposons également la mise en place d’un comité de suivi sur la redynamisation de la filière bois dans notre région et la création d’emplois qu’elle induit.  » Claude Jorda a fait la même démarche.

Au moment où nous écrivons ces lignes, aucune réponse n’est parvenue en Mairie, et la CGT n’avait pas de nouvelles de la Préfecture. Rien de surprenant compte tenu de la période électorale. Le mois de juin devrait en revanche être beaucoup plus animé.