Scolaire

L'intégration des enfants handicapés en questions Carole Signes

Publié le

A Gardanne, 25 enfants présentant des handicaps sont scolarisés dans des classes ordinaires, dont 15 en primaire et 10 en secondaire. Comment se passe leur intégration ? Que prévoit, pour eux, l’application de la nouvelle loi sur l’égalité des chances ? Quels moyens humains sont mis en œuvre ?

Depuis le 11 février 2005, une loi portant sur “l’égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées”, donne le droit d’inscrire à l’école tout enfant qui présente un handicap. « Le texte prévoit, pour chaque personne, un Plan de Vie. Avec un objectif  : démarginaliser ce public le plus possible. Pour les enfants, il prend la forme d’un plan personnalisé de scolarisation (PPS). Celui-ci peut prévoir, selon les cas, le recours à une auxiliaire de vie scolaire (AVS), attachée au suivi d’un enfant scolarisé en classe ordinaire ou une orientation en Classe d’Intégration Scolaire (CLIS), en primaire, et en Unité Pédagogique d’Intégration (UPI), en secondaire » explique Michel Sauvage, référent de l’Éducation nationale chargé de l’intégration des jeunes handicapés à Gardanne.

Une loi que personne, dans le fond, ne conteste. Oui mais... sur la forme, la réalité apparaît différente, explique Maryse Blangero, conseillère municipale chargée de l’insertion des handicapés  : « un refrain, récurrent, se fait entendre, de la part des enseignants : nous voulons bien accueillir des enfants en situation de handicap. Seulement, nous ne nous sentons pas à la hauteur. Il nous faut êtres formés, donc aidez-nous ! » La nouvelle loi a-t-elle les moyens de ses ambitions ? « Bien sûr, on peut toujours mieux faire,  » réplique Michel Sauvage. Cependant, à l’en croire, la loi du 11 février 2005 fait son chemin. Ainsi, pour les professeurs, « des sessions de formation commencent à se mettre en place, à l’initiative de l’éducation nationale. Celles-ci portent sur les handicaps sensoriels, l’autisme... » La création, en septembre, d’une UPI au collège Gabriel- Péri, témoigne aussi d’une certaine avancée, dans ce domaine. « Il s’agit d’une classe de collège à effectif réduit (neuf élèves), explique Michel Sauvage. Ils ne peuvent pas suivre une scolarité normale mais participent, tout de même, à certains cours en classe ordinaire, comme l’italien. »

Un non-statut
Cependant, même si l’on avance, certaines questions restent épineuses. Les auxiliaires (AVS) sont en nombre insuffisant. Depuis la nouvelle loi, c’est la Commission départementale pour l’accès au Droit et à l’Autonomie (CDA), qui juge, au cas par cas, de la nécessité d’octroyer une AVS. AGardanne, parmi les quinze enfants handicapés scolarisés en maternelle et en primaire, dix doivent être suivis par ces auxiliaires. Mais deux d’entre eux attendent toujours...

Question de budget ? « Absolument pas, répond Grégory Calemme, adjoint au maire chargé des affaires scolaires. On nous répond, à la mission intégration, que l’on ne parvient pas à recruter, ce qui nous paraît incroyable. » Explication : le statut, ou plutôt l’absence de statut lié à la fonction d’AVS. Car ce poste a évolué au rythme des contrats aidés mis en place par le gouvernement  : TUC, CES puis Emploi jeune, les AVS se recrutent aujourd’hui par le biais de contrats d’avenir d’une durée... de dix mois. Et les critères d’éligibilité sont stricts : il faut être en fin de droit, bénéficier de l’allocation de parent isolé, d’adulte handicapé, ou encore de l’Allocation Spécifique de Solidarité pour espérer remplir les conditions fixées par l’État. « Tout cela rend le recrutement très complexe » appuie Michel Sauvage. En effet, il est parfois difficile de trouver le candidat idéal : comment une personne qui, ellemême, se trouve en situation de détresse, de précarité, peut avoir les épaules suffisamment solides pour accompagner ces enfants ? « Et puis, comme l’estime Karine Roger, responsable de l’association Étincelle 2000, spécialisée dans le soutien au public handicapé, avoir la fibre sociale, ce n’est pas non plus donné à tout le monde. A l’inverse, je connais de nombreuses personnes qui auraient toutes les qualités requises pour ce travail. Seulement voilà : elles ne sont pas éligibles. »

être ou ne pas être accessible ?
Enfin, toujours selon la loi, tous les locaux publics doivent être mis aux normes sous 10 ans. A Gardanne, pour Grégory Calemme, on n’est pas trop mal lotis. « À une ou deux exceptions près, la plupart des écoles gardannaises sont accessibles. Nous faisons par exemple en sorte que les classes dans lesquelles entrent les enfants handicapés se trouvent toujours au rezde- chaussée. Certains aménagements se font au cas par cas, comme à l’école des Aires, où l’accueil d’un enfant nécessitait l’installation d’une douche. Nous sommes également en travaux à l’école Prévert, où nous allons installer une rampe d’accès. Par ailleurs, il m’arrive aussi d’orienter les enfants vers les écoles les plus adaptées : c’est effectivement l’un des cas où je peux faire des exceptions, en matière de carte scolaire. »

Étincelle 2000, de l’accompagnement à la sensibilisation

Cela fait près de sept ans qu’Étincelle 2000 multiplie les actions de soutien aux personnes handicapées et s’implique pour adoucir leur quotidien. L’association accompagne aussi ces personnes dans leurs démarches administratives. Et peut aussi mettre la main à la poche, au cas par cas... « Nous avons dernièrement co-financé l’hébergement d’un jeune en stage professionnel, à hauteur de 200€, » illustre Karine Roger, responsable de l’association. Pour cela, la recherche de fonds s’avère indispensable. Et les dons, bienvenus. C’est ainsi que l’artiste peintre locale Édith Brondino a offert à l’association, le produit de la vente de ses tableaux, exposés du 22 au 31 mai dernier, à l’espace Bontemps. Près de 4 000€ ont été remis à Étincelle 2000 et ont servi à l’achat de matériel : une joëlette (fauteuil tout terrain) pour faciliter les sorties... Sur l’agenda 2006-2007, on note ainsi le loto de Gardanne le 26 novembre, le repas de fin d’année le 7 décembre, puis, tout au long de l’année 2007, la galette des rois autour d’un spectacle tahitien, le concours de boules et pique-nique à Calas, une sortie soldes... Enfin, l’association se mobilise dans les collèges et les lycées pour sensibiliser les plus jeunes au handicap. A noter aussi, le jeudi 9 novembre aura lieu l’inauguration d’un nouveau bus pour l’association à 10h30 à la Maison du Peuple.