Depuis le 11 février 2005, une loi portant sur “l’égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées”, donne le droit d’inscrire à l’école tout enfant qui présente un handicap. « Le texte prévoit, pour chaque personne, un Plan de Vie. Avec un objectif : démarginaliser ce public le plus possible. Pour les enfants, il prend la forme d’un plan personnalisé de scolarisation (PPS). Celui-ci peut prévoir, selon les cas, le recours à une auxiliaire de vie scolaire (AVS), attachée au suivi d’un enfant scolarisé en classe ordinaire ou une orientation en Classe d’Intégration Scolaire (CLIS), en primaire, et en Unité Pédagogique d’Intégration (UPI), en secondaire » explique Michel Sauvage, référent de l’Éducation nationale chargé de l’intégration des jeunes handicapés à Gardanne.
Une loi que personne, dans le fond, ne conteste. Oui mais... sur la forme, la réalité apparaît différente, explique Maryse Blangero, conseillère municipale chargée de l’insertion des handicapés : « un refrain, récurrent, se fait entendre, de la part des enseignants : nous voulons bien accueillir des enfants en situation de handicap. Seulement, nous ne nous sentons pas à la hauteur. Il nous faut êtres formés, donc aidez-nous ! » La nouvelle loi a-t-elle les moyens de ses ambitions ? « Bien sûr, on peut toujours mieux faire, » réplique Michel Sauvage. Cependant, à l’en croire, la loi du 11 février 2005 fait son chemin. Ainsi, pour les professeurs, « des sessions de formation commencent à se mettre en place, à l’initiative de l’éducation nationale. Celles-ci portent sur les handicaps sensoriels, l’autisme... » La création, en septembre, d’une UPI au collège Gabriel- Péri, témoigne aussi d’une certaine avancée, dans ce domaine. « Il s’agit d’une classe de collège à effectif réduit (neuf élèves), explique Michel Sauvage. Ils ne peuvent pas suivre une scolarité normale mais participent, tout de même, à certains cours en classe ordinaire, comme l’italien. »
Un non-statut
Cependant, même si l’on avance, certaines
questions restent épineuses. Les
auxiliaires (AVS) sont en nombre insuffisant.
Depuis la nouvelle loi, c’est
la Commission départementale pour
l’accès au Droit et à l’Autonomie
(CDA), qui juge, au cas par cas, de la
nécessité d’octroyer une AVS. AGardanne,
parmi les quinze enfants handicapés
scolarisés en maternelle et en
primaire, dix doivent être suivis par
ces auxiliaires. Mais deux d’entre eux
attendent toujours...
Question de budget ? « Absolument pas, répond Grégory Calemme, adjoint au maire chargé des affaires scolaires. On nous répond, à la mission intégration, que l’on ne parvient pas à recruter, ce qui nous paraît incroyable. » Explication : le statut, ou plutôt l’absence de statut lié à la fonction d’AVS. Car ce poste a évolué au rythme des contrats aidés mis en place par le gouvernement : TUC, CES puis Emploi jeune, les AVS se recrutent aujourd’hui par le biais de contrats d’avenir d’une durée... de dix mois. Et les critères d’éligibilité sont stricts : il faut être en fin de droit, bénéficier de l’allocation de parent isolé, d’adulte handicapé, ou encore de l’Allocation Spécifique de Solidarité pour espérer remplir les conditions fixées par l’État. « Tout cela rend le recrutement très complexe » appuie Michel Sauvage. En effet, il est parfois difficile de trouver le candidat idéal : comment une personne qui, ellemême, se trouve en situation de détresse, de précarité, peut avoir les épaules suffisamment solides pour accompagner ces enfants ? « Et puis, comme l’estime Karine Roger, responsable de l’association Étincelle 2000, spécialisée dans le soutien au public handicapé, avoir la fibre sociale, ce n’est pas non plus donné à tout le monde. A l’inverse, je connais de nombreuses personnes qui auraient toutes les qualités requises pour ce travail. Seulement voilà : elles ne sont pas éligibles. »
être ou ne pas être
accessible ?
Enfin, toujours selon la loi, tous les locaux
publics doivent être mis aux normes
sous 10 ans. A Gardanne, pour
Grégory Calemme, on n’est pas trop
mal lotis. « À une ou deux exceptions
près, la plupart des écoles gardannaises
sont accessibles. Nous faisons
par exemple en sorte que les classes
dans lesquelles entrent les enfants handicapés
se trouvent toujours au rezde-
chaussée. Certains aménagements
se font au cas par cas, comme à l’école
des Aires, où l’accueil d’un enfant
nécessitait l’installation d’une douche.
Nous sommes également en travaux à
l’école Prévert, où nous allons installer
une rampe d’accès. Par ailleurs, il
m’arrive aussi d’orienter les enfants
vers les écoles les plus adaptées : c’est
effectivement l’un des cas où je peux
faire des exceptions, en matière de carte
scolaire. »