Semaine de l’eau

L’eau, une semaine pour en parler Energies 334 - Stéphane Conty

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Ressource essentielle à la vie, l’eau est omniprésente dans notre quotidien, si bien que l’on oublie facilement sa valeur et le fait que tout le monde n’y a pas accès. Du 22 au 27 mars, Gardanne y a consacré une semaine, durant laquelle se sont succédé expositions, conférences et table ronde.

Organisée par le service Environnement, la manifestation a trouvé place dans différents lieux clés tels que la mairie pour une exposition permanente sur la Méditerranée, la Médiathèque pour les conférences et la Maison du Peuple pour la table-ronde qui a clôturé cette semaine et pour une exposition sur le thème de l’eau dans les Bouches-du- Rhône. Cette dernière, abordant des sujets aussi variés que L’histoire de l’eau et l’évolution des besoins, Les changements climatiques ou encore L’utilisation de la ressource en agriculture et pour l’industrie, a notamment été l’objet d’une visite par de nombreuses classes des écoles de la ville ainsi que par les enfants des centres de loisirs. Les plus jeunes ont en outre bénéficié à la cantine de sets de tables “ludiques” sur le thème de l’eau.

Destinées à tous publics, les visites de la station de traitement des eaux-usées et de l’usine de potabilisation dite du Ballon à Meyreuil, ont été l’occasion de découvrir le parcours et les traitements de l’eau qui sort du robinet et de celle qui est rejetée dans la Luynes. Les visiteurs ont ainsi pu apprendre que l’eau traitée à l’usine de potabilisation du Ballon provient du canal de Provence. Équipée de 8 filtres et entièrement automatisée, cette usine traite en moyenne 1 900 m3 tous les jours, soit l’équivalent du volume de la piscine municipale.

A la station de traitement des eaux usées, calibrée pour une commune pouvant compter jusqu’à 55 000 habitants, c’est l’intégralité du cycle de traitement de l’eau, mécanique puis biologique, qui a été expliqué lors de la visite des lieux. Un procédé efficace puisque l’eau rejetée dans la nature après 48h est traitée à 98%, si bien que des poissons sillonnaient le cours d’eau juste devant la canalisation en sortie de station.

C’est à l’auditorium de la Médiathèque que Christine Vallet-Coulomb, chercheur au Cerege et maître de conférence à l’université Paul-Cézanne, nous a donné matière à réflexion sur les enjeux géostratégiques mondiaux de l’eau. « En un siècle la population mondiale a triplé, la consommation d’eau a été multipliée par sept et la qualité de l’eau s’est dégradée. En Asie 65 % de la population n’a pas accès à l’eau potable et 80% à un système d’épuration des eaux-usées. » Dans de telles conditions, se dirige-t-on vers une crise mondiale de l’eau ? « Les ingrédients d’une crise de l’eau sont là : croissance démographique, enjeux industriels et répartition inégale de la ressource en eau » souligne Christine Vallet-Coulomb.

Durant la conférence, on apprend que contrairement à une idée reçue, les pays les plus développés ne sont pas les plus gros consommateurs d’eau. Si la consommation d’eau potable y est plus importante, la consommation globale y est moindre. Christine Vallet- Coulomb cède ensuite la parole à une représentante du Secours populaire qui explique des actions menées par cet organisme humanitaire dans divers pays d’Afrique et d’Europe de l’Est. Là encore l’eau est un élément clé de ces interventions.

Cette semaine de l’eau se clôture le vendredi 26 mars par une table ronde sur le thème de L’eau à Gardanne : maîtrise publique et valorisation de la ressource. En la matière Gardanne peut être considérée comme novatrice puisque la gestion de l’eau y a été municipalisée dès 1985. Le maire Roger Meï se souvient : « En 1985 le contrat avec la société qui gérait l’eau arrivait à terme. Comme nous envisagions le passage à une gestion publique, ils ont essayé de nous faire peur en exposant les problèmes insurmontables que nous allions rencontrer. Mais cela s’est avéré bien plus simple que nous ne le craignions alors. Depuis, l’eau à Gardanne est une des moins chère du département et nous avons réduit les pertes. On a fait des économies énormes qui nous ont par exemple permis de construire la station de traitement des eaux-usées quasiment sans emprunt. Actuellement nous avons une réflexion sur l’utilisation de l’eau dans notre soussol, notamment en géothermie. »

Michel Partage, conseiller général du canton de Barjols dans le Var et président de l’association Eau, explique pour sa part les difficultés rencontrées par les élus qui souhaitent passer en gestion publique de l’eau. « Le problème c’est que souvent les élus se font une montagne du passage à une gestion publique, aidés d’ailleurs en cela par les entreprises privées du secteur. On note cependant une évolution intéressante en la matière depuis les municipales de 2008. Avant cette date, il fallait convaincre élus et populations pour passer en régie. Maintenant, l’élu doit se justifier s’il souhaite rester ou repasser en gestion privée. »

Interviennent aussi Lionel Reig, directeur général adjoint de la société du canal de Provence, qui explique notamment la situation de la ressource en eau en région Paca - très abondante sous nos pieds contrairement à l’idée généralement répandue- et Robert Fabriol, président du Gisos (dont fait partie le BRGM), qui détaille les premiers retours d’expérience sur les anciennes galeries de mine inondées du bassin Lorrain et l’éventuelle exploitation de cette eau.

Une semaine riche d’informations et de réflexions sur l’eau, ses enjeux et les défis de demain en ce qui concerne sa gestion.

L’eau à la loupe sur le site de la ville

La distribution d’eau potable, de la responsabilité de la commune de Gardanne, est encadrée et surveillée par les services de la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS).

La Ville de Gardanne, via sa Régie Eau et Assainissement, a souhaité renforcer très nettement à partir de 2010 ce contrôle avec notamment un programme annuel de prélèvements et analyses qui portera sur 120 unités/an (contre 72 jusqu’à présent) et sur une soixantaine de points de prélèvements (contre un dizaine auparavant).

Depuis le 26 mars, le site internet de la ville compte une nouvelle rubrique destinée à informer les Gardannais sur la qualité de l’eau du robinet dans leur ville. Tous les mois on va pouvoir y retrouvez les résultats des prélèvements de la DDASS. Ces résultats sont accompagnés d’explications détaillées sur le PH, la dureté, les caractéristiques organoleptiques, le fer ou encore les paramètres microbiologiques.

Des éléments qui doivent aider à se faire un avis sur la très bonne qualité de l’eau potable à Gardanne.