Diagnostic sur l’activité agricole

L'agriculture au rapport Bruno Colombari

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La charte pour l’environnement signée en 2000 prévoyait l’élaboration d’un diagnostic sur l’activité agricole dans la commune. Le 25 mars dernier, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône a remis son rapport aux élus. En voici quelques éléments.

D’abord quelques chiffres : la commune de Gardanne compte 2 700 hectares, dont plus de la moitié sont des espaces boisés. La surface agricole utile représente 347 hectares. Elle concerne quinze exploitations dont la taille moyenne est de 16 hectares. On y trouve des céréales, du maraîchage, des pépinières, de l’élevage (gibier, chevaux, volailles) et ce que l’on appelle des cultures pérennes : vignes, vergers, oliviers. « Il faut remarquer que 8 agriculteurs ont plus de 55 ans et un seul a moins de 40 ans, constate André Villeneuve, chef de projet à la Chambre d’agriculture. Et seuls 2 d’entre eux ont la possibilité de transmettre leur exploitation à leur enfant. En clair, ça signifie que dans une dizaine d’années, près de 90 hectares de terres agricoles n’auront pas de repreneur. » Autres caractéristiques de la situation gardannaise : 72 % des parcelles sont en location, soit beaucoup plus que la moyenne du département (50 %). « Ces chiffres prouvent la fragilité des exploitations. Les agriculteurs ne peuvent pas faire de projets sur des terres qui ne leur appartiennent pas. » Enfin, la plupart n’ont pas de main d’œuvre salariée.

Pourtant, le tableau n’est pas si noir. Les producteurs locaux n’ont en effet aucun problème de débouchés commerciaux, ce qui est un atout important : les céréales sont vendues à une coopérative qui prend aussi en charge les moissons, les maraîchers écoulent leurs produits sur les marchés locaux ou au Marché d’intérêt national (MIN) des Arnavaux, les éleveurs sont en contrat avec les sociétés de chasse ou les magasins de proximité (pour les œufs). D’autre part, Gardanne a la chance de compter sur son territoire un lycée agricole qui exploite 50 hectares de terres sur la commune et de disposer d’un remarquable marché le dimanche matin, complété par ceux du mercredi, du vendredi et du jeudi à Biver. « Le marché, c’est une assurance de débouchés pour les producteurs et une garantie de produits frais et de qualité pour les habitants » poursuit André Villeneuve.

Le rapport de la Chambre d’agriculture se termine par une série de propositions à débattre : agir dans le cadre du futur Plan local d’urbanisme (le nouveau nom du POS) pour préserver et étendre les zones agricoles existantes, lutter contre le mitage (petites parcelles dispersées), réhabiliter les 40 hectares de friches qui seraient utiles aux agriculteurs souhaitant s’étendre, mettre à disposition des hangars agricoles loués par la commune aux exploitants, créer un partenariat étroit avec la SAFER pour contrôler les mises en vente de terrains en zone agricole et lutter contre la spéculation immobilière, mettre en relation les deux AMAP (associations pour le maintien de l’agriculture paysanne) avec les producteurs intéressés par la démarche, favoriser le sylvo-pastoralisme (troupeaux itinérants) pour débroussailler les massifs appartenant à la commune et au lycée agricole... En créant des emplois, en préservant les espaces naturels contre l’incendie, en offrant aux consommateurs des produits frais, l’agriculture a toute sa place à Gardanne.

Des projets d’installation

Une fois le rapport de la chambre d’agriculture remis aux élus, que va-t-il se passer ? « Nous allons étudier l’ensemble des propositions du rapport, pour donner une cohérence à notre volonté politique de maintenir les zones agricoles existantes, » explique Philippe Pintore, élu chargé du développement économique. « Il apparaît clairement deux zones agricoles conséquentes, celle de Payannet au Nord et de Camp Jusiou au Sud. Ce sont elles qu’il faudra préserver. » Cette volonté municipale, exprimée dans la charte pour l’environnement, nécessite forcément l’installation de nouveaux agriculteurs pour compenser les départs en retraite : « nous avons reçu des demandes, avec notamment deux pistes intéressantes. L’une pour la production d’œufs et l’autre pour des cultures biologiques. On va essayer de les aider à s’installer, quel que soit leur circuit de distribution. Ça peut passer par les AMAP, mais pas obligatoirement. »