Conseil municipal des enfants

Journal de campagne du Conseil municipal des enfants Bruno Colombari

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Cinquante-huit élèves de 9 à 15 ans ont été élus par leurs pairs dans le cadre du Conseil municipal des enfants (CME), début avril. Du jour du vote à la formation en passant par la proclamation des résultats, retour sur une semaine pas comme les autres.

La parité ? C’est pour permettre aux femmes d’être élues en plus grand nombre. Du moins dans le monde des adultes. A l’étage en dessous, chez les enfants qui viennent de désigner leurs 58 représentants (34 titulaires, 24 remplaçants), la parité sauve plutôt la mise aux garçons. Sans ce principe, qui assure l’égalité pour les titulaires, les filles seraient largement majoritaires : plus nombreuses à être candidates, elles ont bien souvent obtenu plus de voix que leurs homologues masculins. Comme quoi tout est relatif ! Préparé de longue date, depuis le festival de la citoyenneté, en octobre dernier, le conseil municipal des enfants existe désormais. Tout s’est joué dans la dernière semaine avant les vacances de Pâques. Récit.

Lundi 7 avril. La BCD (bibliothèque centre de documentation) de l’école Château-Pitty est transformée, le temps d’une récré, en bureau de vote avec isoloirs, urne transparente et table d’émargement. Bref, tout comme les grands. Les CM2 arrivent les premiers, Marie-Ange Chappe (responsable du service enfance) et Michelle Aznif (maire-adjointe chargée des finances) expliquent la procédure. « Vous prenez chacun deux enveloppes, une orange et une jaune. Dans l’enveloppe orange, vous mettez le bulletin, orange, d’une candidate. Dans l’enveloppe jaune, vous mettez le bulletin jaune d’un candidat. » Dit comme ça, ça paraît simple, mais quand on a neuf ans et qu’on entre pour la première fois dans un isoloir, il y a de quoi être impressionné. « Comment on fait si aucun des garçons nous plaît ? » demande une électrice. « Vous savez que vous ne devez pas barrer les noms ni écrire de bêtises sur le bulletin, sinon il sera considéré comme nul, » rappelle prudemment Marie-Ange Chappe.

Après le passage devant l’urne, les néo-votants donnaient leurs premières impressions : « J’étais candidate, confie Charlotte, on devait remplir une fiche avec notre photo, en marquant dessus ce qu’on voulait changer dans la ville. » Leïla ne s’est pas présentée, mais elle savait pour qui elle allait voter. Et elle ne nous le dira pas. Gabriel a donné sa voix à son meilleur ami : « ses idées étaient vraiment bonnes pour la ville. Mais quand il sera élu, je ne sais pas ce qui va se passer. » Mickaël, qui était candidat, ne manque pas de projets : « faire plus de sorties, des endroits pour jouer au foot, mettre des distributeurs de bonbons dans les écoles... » Vaste programme. Si elle reconnaît « ne pas savoir qui était candidat, » Anaïs affirme quant à elle « qu’il faut plus de propreté dans la ville, et plus de lumière dans les parcs. » Emilie, pour sa part, se dit « prête à surveiller ce que fera mon candidat, s’il est élu. Et s’il ne fait pas ce qu’il a promis, ce ne sera pas bien. » Message reçu ?

Mardi 8 avril. Changement de décor, le lendemain au collège Péri. A l’organisation et la discipline de la veille succède le brouhaha et la confusion. Si quelques élèves, qui ont du temps libre, viennent voter dans le calme, la plupart arrivent pendant les interclasses, d’où un embouteillage monstre dans le couloir. À quelques exceptions près, les enseignants ne se sont pas impliqués dans le processus. Du coup, la participation en pâtit : alors que les CM1-CM2 ont voté à 94 % (seuls les absents le lundi ont manqué à l’appel), le collège Péri n’a voté qu’à 40 %, et le Pesquier qu’à 23 %. Même si dans ce dernier, il y avait brevet blanc le mardi, on pouvait s’attendre à mieux.

Mercredi 9 avril. A cause du mauvais temps, la proclamation des résultats, qui devait se faire en plein air devant la mairie, est déplacée dans la Maison du Peuple. Sur la scène, entourée de quelques élus du Conseil municipal adulte, Roger Meï accueille la centaine de candidats, leur famille et leurs copains venus les encourager. « Nous voulons vous aider à devenir des citoyens, vous intégrer dans une démarche participative. Vous avez des choses à nous dire, nous avons aussi des choses à entendre. Nous devons être unis pour traiter des questions d’environnement, de sécurité, d’aide aux démunis. » Puis vient la proclamation des résultats, chaque élu montant sur scène sous les applaudissements. Au fil des minutes, la moyenne d’âge des élus, enfants et adultes, baisse sensiblement. La fête se poursuit avec la lecture par deux membres du Conseil jeunes de la déclaration des droits de l’enfant, avec quelques commentaires d’actualité : « une petite fille irakienne a les mêmes droits qu’un petit garçon américain. » Puis c’est au tour de la chorale du collège Péri, Accroch’cœur, de reprendre avec Daniel Beaume la Complainte de la butte, Faites la guerre à la guerre et bien sûr Libérez les enfants. A la sortie, quelques nouveaux élus répondent à la caméra de Pierre, le journaliste reporter d’images d’Ima-Sud.

Mardi 15 avril. Pour la plupart des enfants de l’académie d’Aix-Marseille, c’est les vacances. Mais une cinquantaine d’entre eux vont quand même à l’école le lundi et le mardi. Les élus du Conseil municipal des enfants ont en effet deux jours de formation à leur programme, l’occasion d’étrenner la pochette noire et jaune frappée du visuel du CME. En deux jours, ils vont aborder des questions aussi importantes que les règles de fonctionnement d’un groupe (prendre la parole chacun son tour, ne pas interrompre celui qui parle, ne pas se moquer), la représentativité d’un élu (doit-il appliquer son programme ou consulter ses électeurs ?), le fonctionnement des commissions de travail, les moyens financiers et matériels, les relations avec le maire et les conseillers municipaux adultes. Deux journées bien remplies, aérées par des pauses indispensables où l’on peut taper dans un ballon, échanger quelques balles au badminton ou écouter de la musique.

Sandra Coudert, élue du Pesquier, assume ses nouvelles responsabilités : « j’ai voulu être élue, c’est normal de venir ici. J’aimerais qu’on mette en place un parcours santé dans la ville. » Anthony Lopez, venu en voisin puisqu’il est au CM1 à Bayet, ajoute : « depuis hier, on a appris beaucoup de choses. Je sais qu’on a un budget de 7 662,45 euros pour cette année. Ce qui serait bien, c’est de créer un club d’astronomie, ouvert à tous, même aux adultes. » Merci pour eux. Charline Gracia, en CM2 à Brassens, suggère « de commencer l’école à neuf heures le matin, avec une garderie avant. Et il faudrait un snack à la cantine, qu’on ait plus le choix. » Patrizio Lionti, en 4 e au collège Péri, n’avait de toute façon rien prévu pour ces deux premiers jours de vacances. « Il faut développer la sécurité à la sortie des écoles, mettre des médiateurs, sinon il y aura des accidents. » Anaïs Richard, de l’école Saint-Joseph, a rencontré plein de gens qu’elle ne connaissait pas. « Ce qu’il faudrait faire, c’est protéger les places pour les handicapés, avec des barrières qui marchent à carte. Dans le groupe, d’autres sont d’accord avec moi. » C’est déjà ça. « C’est important pour nous de garder les suppléants dans le groupe des élus, souligne Gérard Saint-Martin, chargé de mission au Contrat éducatif local. Ils participeront aux commissions comme les autres. » Tout à l’heure, pour clôturer les deux jours, Roger Meï viendra à la rencontre des nouveaux élus. Devant lui, ils feront le bilan de ce qu’ils ont appris, prendront date pour la première séance pleinière du CME et livreront une information pratique sur la première affectation de leur budget 2003 : remplacer une vitre qu’ils ont cassé dans la salle polyvalente. La citoyenneté, en effet, ça commence par soi-même.

La liste des élus du CME

Les 34 titulaires
Emilie Feythis (Pitty, CM1), Mickaël Gil (Pitty, CM2), Bastien Buonomano (Brassens, CM1), Charline Gracia (Brassens, CM2), Aude Barreau (Fontvenelle, CM1), Gwendal Le Moulec (Fontvenelle, CM2), Kevin Salas (Prévert, CM1), Morgane Keller (Prévert, CM2), Anthony Lopez (Bayet, CM1), Morgane Sadouet (Bayet, CM2), Karine Noir (Mistral, CM1), Daryl Alan Zinutti (Mistral, CM2), Kévin Mougin (Cézanne, CM1), Anthéa Fernandez (Cézanne, CM2), Enzo Carratu (Saint-Joseph, CM1), Anaïs Richard (Saint-Joseph, CM2), Cathy Philippe (Péri), Eric Porteneuve (Péri), Farida Benaouina (Péri), Eliaz Le Moulec (Péri), Isabelle Albiac (Péri), Patrizio Lionti (Péri), Laeticia Richard (Péri), Jeahanne Sekkiou (Péri), Anissa Abdellali (Péri), Amel Megharbi (Pesquier), Elliot Villevieille (Pesquier), Manon Iacoponi (Pesquier), Claude Navarro (Pesquier), Sandra Coudert (Pesquier), Xavier Latil (Pesquier), Lilia Ghermoudi (Pesquier), Morgan Doom (Pesquier), Florian Vincent (Pesquier).

Les 24 suppléants
Bastien Bosca (Brassens, CM1), Manon Kindel (Brassens, CM1), Jérémy Kauffman (Pitty, CM1), Charlotte Anjuere (Pitty, CM2), Yannick Ricard (Fontvenelle, CM1), Charlotte Ricard (Fontvenelle, CM2), Cyriane Botel (Prévert, CM1), Mohamed Mathli (Prévert, CM1), Geoffrey Caissac (Mistral, CM1), Mélanie Laï (Bayet, CM2), Rafik Sahnoune (Bayet, CM2), Manon Pazdziurkiewicz (Mistral, CM2), Mathilde Jacques (Cézanne, CM1), Sébastien François (Cézanne, CM2), Laury Fusi (Saint-Joseph, CM1), Quentin Foulon (Saint-Joseph, CM2), Charles Bosca (Péri), Lilia Abdellali (Péri), Jessica David Elfaniel (Péri), Marine Fayard (Péri), Marie Longeac (Péri), Cécile Loubière (Péri), Emilie Soulard (Péri), Audric Roustan (Pesquier).

1 813 inscrits,dont 500 primaires ; 882 votants, dont 470 primaires
participation : 48,6 % ; dont primaires : 94 % ; dont collèges : 31,4 % ; élus : 17 filles, 17 garçons ; suppléants : 14 filles, 10 garçons.