Microélectronique

Jospin cherche des puces à Gardanne Bruno Colombari

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Venu en Provence pour inaugurer la nouvelle usine ST Microélectronics, le Premier ministre a brièvement évoqué Gardanne et la mise en place d’une formation supérieure en micro-électronique. C’est déjà ça, mais on attendait mieux...

Dans la grande tente blanche dressée à l’entrée de l’usine, les cadres de ST Microelectronics (ex SGS-Thomson) sont sur les dents. Ce matin-là du 15 mai 2000, on inaugure à Rousset l’ultra-moderne usine 8 pouces, fleuron du groupe franco-italien. Depuis mai dernier, on y fabrique sur des tranches de silicium de 200 mm de diamètre des puces électroniques grosses comme un ongle de bébé. L’immense salle blanche (7 300 mètres carrés) est au coeur du dispositif, où l’air est filtré pour être un million de fois plus pur que celui que nous respirons à l’extérieur. Avec cette extension, ST porte ses effectifs sur le site de Rousset à 2 000 salariés (l’entreprise annonce 500 nouvelles créations d’emplois dans les années à venir).

Vers 10h30, une bousculade vient troubler l’ordonnancement de la cérémonie. Précédé par une cohorte de photographes et de cameramen, le Premier ministre Lionel Jospin fait son entrée, suivi par trois membres de son gouvernement, Elisabeth Guigou, Christian Pierret et Roger-Gérard Schwarztenberg. Venu manifester son intérêt pour les nouvelles technologies, le chef de la gauche plurielle évoque dans son discours la fracture numérique (version branchée de la fracture sociale ?), « que nous ne pouvons pas laisser s’instaurer entre ceux qui disposent de l’information [...] et ceux qui en sont exclus. L’information devient une richesse : y accéder ne doit pas être un privilège. »

Après avoir annoncé que tous les lycées et collèges seront reliés à Internet à la rentrée 2000, toutes les écoles en 2001, et 600 points d’accès gratuits créés pour les jeunes, Lionel Jospin lance ce qu’il avait appelé ses “bonnes nouvelles”  : la création d’une école de l’Internet à Marseille (à Château- Gombert plus précisément) ouverte aux étudiants « et à ceux qui veulent se reconvertir, » et la mise en place d’un centre de formation supérieure en micro-électronique à Gardanne, « pour renforcer les moyens existants en ce domaine » (voir ci-contre). Rien sur les engagements du gouvernement de mars 1999, rien sur des créations d’emplois, rien sur un éventuel centre de recherche sur les énergies propres... La montagne a accouché d’une souris, ou si l’on préfère, de la Sainte-Victoire ne sont sorties que des puces.

Le château de Barême est disponible

Le lendemain de la venue de Lionel Jospin à Rousset, Roger Meï réagit aux annonces du Premier ministre dans une conférence de presse. Concernant le contrat de plan État-Région, le maire de Gardanne se « félicite que l’amélioration de la desserte ferroviaire Aix- Marseille soit enfin à l’ordre du jour. » A propos de la formation supérieure en micro-électronique, Roger Meï rappelle que des formations de ce type existent déjà au lycée Fourcade, et que « depuis plusieurs mois nous travaillons avec les autres intervenants de la formation pour développer significativement celle-ci. La Ville de Gardanne a fait connaître au ministre de l’Industrie qu’elle était prête à mettre sa propriété du château de Barême à disposition pour y accueillir un grand centre de formation. » Pour le reste, le bilan est plutôt mitigé : « Lionel Jospin est venu dans une zone créée avec les fonds de reconversion de la mine, zone qui bénéficie de fonds publics conséquents, qui a pourtant peu bénéficié au bassin. On annonce maintenant le rattachement de Rousset à Aix alors que cette commune profite presque seule des retombées de l’action des mineurs et des élus locaux : où est la solidarité ? »