LA FRANCE DÉTIENT un bien peu glorieux titre de champion d’Europe : celui de la consommation de pesticides. Près de 62000 tonnes en 2010, pour l’essentiel des herbicides et des fongicides. Le résultat, c’est une pollution généralisée des cours d’eau, comme l’Arc dont le bassin inclut Gardanne (la Luynes se jette dedans), mais aussi l’air et les aliments. En s’accumulant dans l’organisme, les pesticides augmentent les risques de cancer, de baisse de la fertilité et de maladie de Parkinson. Enfin, ils ont un impact catastrophique sur la biodiversité : les insectes, et notamment les abeilles (dont dépend un tiers de notre alimentation) sont particulièrement touchés, ainsi que les reptiles et les oiseaux (en particulier les hirondelles).
Si l’agriculture intensive est principalement visée, les jardiniers amateurs peuvent, avec des gestes simples, réduire leur impact, améliorer leur cadre de vie et bien sûr protéger leur santé.
Économiser l’eau
C’est possible en jardinant au rythme des saisons,
en particulier au printemps et en automne (carottes,
choux, navets, poireaux, épinard, oignon...)
et de conserver l’humidité au sol avec un paillage.
Le bois raméal fragmenté (BRF) obtenu en
broyant les végétaux du jardin (taille de haies)
donne d’excellents résultats.
Obtenir un sol fertile
Le compostage est très utile pour conserver un
sol vivant. Le compost, c’est le mélange de déchets
organiques riches en carbone (feuilles mortes,
sciure, branches broyées) et en azote (tonte
de pelouse, épluchures). En aérant de temps
en temps votre compost et en l’arrosant pour
le maintenir humide, vous obtiendrez un produit
naturel semblable à l’humus. Le purin
d’ortie et de consoude sont également très
efficaces. Pour travailler votre sol, préférez
les outils à main comme la bêche ou la grelinette
(une variante à deux manches et à six
dents) aux motoculteurs qui perturbent la
biomasse en retournant la terre.
Respecter les rotations
Même sur des petites surfaces, il est primordial
d’alterner les cultures en permutant chaque année
afin d’arrêter le développement des parasites.
Vous pouvez faire des jardins au carré et mettre
dans l’un des légumes-feuilles, dans l’autre des
pommes de terre, dans un troisième des aubergines,
etc.
Que faire des herbes indésirables ?
Il faut savoir que des herbes dites mauvaises peuvent
s’avérer utiles car elles améliorent le sol et
nourrissent la faune auxiliaire, c’est-à-dire les
animaux qui vont attaquer les ravageurs (pucerons,
escargots, limaces, chenilles). De plus, certaines
cultures limitent les herbes indésirables
comme la courge, la pomme de terre ou le seigle.
Accueillir les auxiliaires prédateurs
Les oiseaux insectivores (hirondelles), les reptiles,
et les mammifères (musaraignes, hérissons)
sont les bienvenus dans votre jardin. Pensez à
leur laisser des endroits où ils peuvent s’abriter,
se nourrir et se reproduire, comme des haies, des
tas de branches, des plantes fleuries (souci, camomille,
lierre) qui attirent les pollinisateurs.
Associer les plantes
Pour éviter les maladies, pensez à associer certaines
plantes qui se protègent mutuellement.
C’est le cas de l’aubergine et de la pomme de terre,
ou encore du chou et de la tomate, ou du poireau
et de la carotte. D’autre part, les fèves et la
valériane attirent les pucerons, mais aussi les coccinelles
dont les larves dévorent les pucerons et
protègent ainsi le reste de votre
jardin.