Nuit du conte

Histoires de babouches et de fous sages Bruno Colombari

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Les nuits sans lune sont celles où l’on voit le mieux les étoiles. Pour la huitième édition de la nuit du conte le 4 août dernier, la Médiathèque a invité sous les arbres de Font du Roy le conteur libanais Jihad Darwiche. Ce dernier n’est pas venu seul : il a emporté dans ses valises le musicien Nordine Mezouar, le conteur Jean David et sa propre fille, Layla Darwiche. C’est d’ailleurs ce qui a le mieux fonctionné, en particulier les histoires que Jihad et Layla racontaient à deux voix, se coupant et se reprenant mutuellement la parole dans un jeu narratif très élaboré.

C’est ainsi qu’allongés sur l’herbe fraîche nous avons découvert l’édifiante histoire des babouches d’Abou Kacem, de l’ogre qui dort entre ses deux oreilles (l’une lui sert de matelas et l’autre de couverture), du quatrième roi mage oublié par la Bible ou encore de la princesse qui cherche où se cache la raison.

Devant une assistance fournie (plus de deux cents auditeurs de tous âges avant la première pause), histoires longues et formats courts se sont enchaînés avec bonheur, Jihad truffant la soirée de petites perles comme celle-ci : « Le matin, je ne mange pas parce que je t’aime. Le midi, je ne mange pas parce que je t’aime. Le soir, je ne mange pas parce que je t’aime. La nuit, je ne dors pas parce que j’ai faim. » Ça tombait bien, puisque un stand tenu par l’association Contacts proposait pâtisseries orientales et thé à la menthe, tandis qu’une librairie présentait les recueils de Jihad. C’est d’ailleurs à lui qu’on donnera le mot de la fin, limpide comme un ciel d’été : « Bénis les gens fêlés, car ils laissent passer la lumière ».