Environnement

Habitants et industriels, un dialogue nécessaire Energies 354 - Bruno Colombari

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Dans le cadre de la Charte pour l’environnement, la Ville de Gardanne organise chaque année des rencontres entre les habitants et les industriels. Le 22 mars dernier, E.on, Rio Tinto/Alcan, Durance Granulats et la Semag ont répondu aux questions des riverains, des associations et des citoyens.

« Le site actuel du centre d’enfouissement technique de la Malespine arrive en fin d’exploitation, explique Jean-François Velly, directeur de la Semag. Nous préparons actuellement le site n°2, qui sera mis en service en avril, avec deux alvéoles préparées selon des normes draconiennes pour protéger les sols. Dans le même temps, l’entreprise Verdesis a mis en place une usine de production électrique à partir du biogaz capté sur le site. »

Une riveraine habitant en contrebas, chemin des Clapiers, se plaint des odeurs nauséabondes venant de la décharge, en particulier le soir en hiver. Pour Jean-François Velly, « la couverture étanche de l’ancien site et les douze puits de captage pour le biogaz devraient réduire les odeurs. De plus, le nouveau site sera plus éloigné de 300 m et situé en contrebas.  » Rappelons que l’extension du centre d’enfouissement est lié à l’exploitation de la carrière par Durance Granulats, qui libère des espaces au fur et à mesure de l’avancement.

Benoît Webel, responsable du site de Gardanne, précise pour sa part que « depuis dix ans, nous nous tournons vers le recyclage. C’est un marché porteur, qui représente un quart de notre production. Depuis deux ans nous avons investi cinq millions d’euros à la Malespine pour notre nouvelle usine qui est quasiment terminée. Au total, ce sont 150 000 tonnes de gravats qui seront recyclées chaque année, soit l’équivalent des besoins d’une ville comme Gardanne. Et ce qui n’est pas recyclable est utilisé comme matériau de recouvrement pour le centre d’enfouissement à côté, ainsi rien n’est perdu. »

Dans la salle, des riverains constatent que l’usine est par moment très bruyante. « C’est inégal, ça dépend des jours. Avez-vous fait des mesures acoustiques ? De plus, les camions qui transportent les gravats dégagent de la poussière. » Benoît Webel répond que l’usine est une installation classée, soumise à des seuils de bruit.

« Plus nous recyclons, moins nous avons besoin de faire des tirs de mine. Des mesures acoustiques sont faites jour et nuit. Mais quand vous constatez un bruit anormal ou plus élevé que d’habitude, appelez-nous. » Sur la question de la présence de produits toxiques dans les gravats recyclés, Durance Granulats précise que « nous ne sommes autorisés qu’à récupérer des matériaux inertes par la Dreal [ex Drire, NdlR]. On peut refuser le contenu de camions venant de chantiers de démolition dans certains cas. »

Représentant le groupe E.on qui gère la centrale thermique, Serge Séropian explique que des réunions régulières sont organisées avec les riverains, les associations et les élus. « Nous avons fait de gros investissements pour réduire les nuisances sonores. Les capteurs indiquent que les niveaux de bruits sont corrects, sauf quand nous faisons les tests de soupape des chaudières. Mais dans ce cas, nous prévenons les riverains des créneaux horaires. »

Concernant l’avenir du groupe IV de 250 MW, Serge Séropian annonce qu’E.on a répondu à un appel d’offres pour l’aménagement de la chaudière (dont la puissance passerait à 150 MW) qui brûlerait du bois, dont la moitié serait importée, le reste provenant de la région Paca. Enfin, E.on est aussi engagé sur l’aménagement dans les prochains mois du terril des Sauvaires où seront installés des panneaux photovoltaïques.

Autre question évoquée dans la salle, les envolements de poussières de l’entreprise Rio Tinto. « Sur le boulevard Carnot, les jours de mistral il y a toujours autant de poussières. Pourquoi faut-il systématiquement appeler l’usine pour que l’arrosage des stocks de bauxite soit mis en marche ? Sur le parking des Molx, les voitures garées sont tachées de points blancs. »

Côté entrée de l’usine, zone Avon, ce sont les camions de la société Ottaviani qui sont montrés du doigt : « Certains sortent de l’usine sans être nettoyés et sont couverts de poussière d’alumine qui s’envolent partout.  » Valérie Martinent, représentant Rio Tinto, reconnaît que « nous n’avons pas intérêt à ce que l’alumine s’envole. La vitesse est limitée à l’intérieur du site à 15 km/h, et nous demandons aux camions de bien fermer les trappes. Nous n’avons pas de rampe de lavage des camions en sortie d’usine. A la demande de Roger Meï, des contrôles de vitesse seront effectués aux abords de l’usine, et une rencontre va être organisée entre l’entreprise et les riverains pour mettre à plat les problèmes lors des prochaines portes-ouvertes.  »

L’association Atmopaca, qui mesure la qualité de l’air dans la région, ne s’est pas déplacée à la réunion. Dommage, car une étude concernant Gardanne a été réalisée récemment. Dans son dernier bilan annuel (celui portant sur 2009), Atmopaca constate que « le site industriel de Gardanne, sous l’influence directe d’Aluminium Pechiney, présente une concentration annuelle de particules en suspension de 36 microgrammes/m3, proche de la valeur limite de 40 microgrammes/m3. En 2009, le site de Gardanne enregistre jusqu’à 59 journées supérieures à la valeur limite journalière de 50 microgrammes/m3 et ne respecte donc pas la réglementation. Cependant, des diminutions notables portent sur la moyenne annuelle entre 2007 et 2009. »

Enfin, le dernier point abordé aura porté sur la société BPA (Benne Provence Assainissement), une déchetterie pour les déchets industriels banals (déchets d’entreprise non dangereux) installée en bordure de la contre allée du CD6, quartier Payannet. Un riverain constate beaucoup de nuisances et a déposé une plainte en gendarmerie, qui n’a pas donné de suite.

L’installation de cette déchetterie a fait l’objet d’une enquête publique en 2005. « La Ville de Gardanne a émis un avis défavorable, mais le Préfet a autorisé en février 2007 cette exploitation. Nous allons rencontrer la Dreal et le Préfet à ce sujet, » a conclu le maire.