Mémoire

Gardanne au temps des Romains Energies 398 - Jeremy Noé

Publié le

Une exposition propose aux Gardannais de revenir loin, très loin dans le temps, jusqu’à l’ère romaine de la ville. A faire en famille, gratuitement, et surtout : en suivant le guide.

OFFICE DE TOURISME, Société Méditerranéenne d’Archéologie (SMA) même combat. Depuis la rentrée dernière, les deux associations proposent à la Chapelle des Pénitents une série d’expositions de six mois sur plusieurs époques méconnues de Gardanne. Une mise en valeur du patrimoine soutenue bien haut par la municipalité, comme, il y a quelques semaines, l’inauguration de la nouvelle salle du musée Gardanne Autrefois.

A l’automne donc, l’Office et la SMA proposaient Gardanne au temps des Gaulois. Aujourd’hui (et en attendant Gardanne chrétienne en novembre), il s’agit de présenter la ville au temps des Romains. Car à Gardanne, on a identifié avec précision une dizaine de villas romaines (au sens de hameau) dont il reste encore quelques traces pour certaines (la Crémade, la Pourcelle) tandis que d’autres demeurent encore inexplorées, comme aux Logis Notre-Dame (sous les immeubles). Question à 1000 euros : vu le peu de traces visibles qu’elles ont laissé, comment est-on arrivé à les identifier, ces villas ? « En 380 après JC, l’empereur Théodose a interdit le paganisme et juré la mort de tous ceux qui se se convertiraient pas au christianisme. Chaque Villa romaine a dû remplacer son dieu protecteur païen par un saint, et créer une chapelle. Lesquelles ont été cadastrées... » explique Luc Poussel, de la SMA.

L’EXPOSITION VISE À MONTRER l’arrivée des romains, comment ils se sont implantés et organisés. Sur quatre vitrines, la SMA présente des amphores, des gourdes, de la poterie, une bout de tuile romaine avec une empreinte de soulier clouté, des osselets (un jeu qui, après avoir traversé les âges, est aujourd’hui en cours d’extinction)... autant d’objets du quotidien de nos aïeuls les romains, parfois surprenants. Le strigile, ancêtre en métal du gant de toilette, donne lieu à une conversation cocasse avec Josiane Bonnet, la présidente de l’Office de Tourisme. « Le strigile servait à racler la peau pour se laver. C’était avant qu’on utilise les procédés chimiques, comme l’urine. » Pardon ? « Oui oui, l’urine. L’empereur Vespasien a d’ailleurs installé les vespasiennes pour la recueillir, et il a même institué un impôt dessus, ce qui aurait donné l’expression “l’argent n’a pas d’odeur.” Il faut savoir aussi que l’urine espagnole était considérée comme la meilleure. » Renseignements pris : l’urine était déjà utilisée par les Aztèques pour panser les plaies, elle a été utilisée comme dentifrice en Europe jusqu’au XVIIe siècle (!) et pour faire la lessive jusqu’au XIXe siècle.

C’est pour ce genre d’anecdotes sorties de nulle part, et qui permettent de se coucher moins bête, qu’il est vivement recommandé de faire l’exposition accompagné. L’exposition est visible sur réservation à l’Office de Tourisme, tel 04 42 51 02 73.