Finances

Et si la taxe professionnelle disparaissait ? Energies 311 - Carole Nerini

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Le Président a annoncé son intention de supprimer la taxe professionnelle dès 2010. Si cette perte n’était pas remplacée par une autre ressource, pour Gardanne, cela représenterait une baisse de 40 % de ses dépenses. Nous avons tenté, avec des élus, des responsables associatifs et un syndicaliste, une illustration des répercussions qu’une telle décision pourrait avoir sur la vie quotidienne des Gardannais.

Maryse Blangero, adjointe déléguée au social

« Va-t-on devoir supprimer les aides ? »

Si nous avons 40 % de budget en moins au CCAS, cela représenterait 380 000 euros en moins. Cela reviendrait à dresser le tableau noir suivant : suppression des aides ponctuelles (bons, cantine, factures...), suppression de toutes les prestations pour les personnes âgées, suppression de toutes les sorties et animations. Et ce n’est pas tout car pour y parvenir, il faudrait en plus doubler le prix de vente des repas à domicile et de celui du foyer Nostre Oustau. Il ne nous semble pas que le Président ait décidé d’augmenter les retraites de 40 %... La solidarité est une priorité municipale, plus que jamais en temps de crise, elle doit le rester.


Yann Moret, délégué syndical CGT à ST Microelectronics

« Il n’y aura aucune progression sociale dans l’entreprise »

Actuellement, les salariés connaissent le chômage partiel. Les pertes de salaires sont conséquentes. Cette exonération ne garantirait en aucun cas une progression sociale. En tant que citoyens, nous bénéficions tous des retombées de cette taxe dans notre quotidien : pour les transports, le logement, les écoles. L’objectif de cette réforme ? Accélérer la privatisation des services publics, la fermeture des services de proximité pour les petites communes.


Nathalie Nerini, adjointe à l’enfance, la jeunesse, les sports, l’emploi et la formation

« Une remise en cause des activités et de la gratuité »

Les activités proposées aux enfants de la commune ne pourraient être maintenues dans leur intégralité et au même tarif. Les familles devraient prendre en charge les fournitures scolaires. Côté équipements sportifs, la priorité serait donnée à l’entretien courant au détriment de nouveaux aménagements adaptés à de nouvelles pratiques sportives. En terme d’emploi, d’insertion et de formation, alors que la MAIO, l’AAI ou la Maison de la formation sont des outils plus que jamais indispensables, leur fonctionnement serait dangereusement menacé. Contrairement au Gouvernement, nous pensons qu’investir dans la jeunesse c’est préparer l’avenir, c’est pourquoi nous refusons la casse de nos services.


Michel Cremonesi et Jean-Luc Jorda, Cles Gardanne

« La mort lente du sport populaire »

Nous sommes affiliés depuis la naissance du club à une fédération de sport populaire et nous défendons ces valeurs au quotidien. Quand on voit que le gouvernement donne de moins en moins de moyens aux sports d’élite, on est en droit de se demander ce que va devenir la pratique sportive à la base. Il est évident qu’avec une telle baisse des entrées dans les caisses de la commune, les subventions aux associations vont en pâtir. Et là, c’est toute la politique de notre club qui en prendrait un coup. Nous ne voulons pas que le sport pour tous, celui pour lequel nous militons devienne le sport pour ceux qui en ont les moyens, sans rencontres, sans échanges, sans moments privilégiés que l’on élargit aux non adhérents.


Marie-Christine Borgna, Handball Gardanne

« Notre politique du club s’effondrerait »

La baisse des subventions dans leur ensemble serait significative. Des choix s’imposeraient. Nous serions amenés à limiter le nombre de nos adhérents, qui sont 204 aujourd’hui. Cela nous forcerait aussi à n’engager que les équipes d’élite dans les championnats. Nous sommes très ouverts et nous ne souhaitons pas en arriver là. Il est clair que la vie des clubs est en danger. Notre objectif est d’offrir la possibilité au plus grand nombre de pratiquer le hand à un tarif correct. Va-t-on pouvoir continuer dans ce sens ?


Philippe Pintore, conseiller municipal délégué au développement économique

« La Ville génère une part de l’emploi des entreprises locales »

Les entreprises qui s’installent sur une commune contribuent à la cohésion sociale de celle-ci. A Gardanne, lorsqu’une entreprise s’implante, nous prenons en compte la qualité de vie des salariés en matière de logement, de scolarité, de service public. Si la taxe professionnelle était supprimée, tout un ensemble de services seraient amenés à disparaître. Le flou de l’annonce de Nicolas Sarkozy suscite de grosses inquiétudes. L’investissement public des collectivités territoriales est une part de marché considérable pour les entreprises locales. Pour que les entreprises puissent s’installer dans une ville il faut que les deux y aient intérêt, sinon nous allons vers des villes-dortoirs. Gardanne n’est pas et n’en sera pas une !


Lawrence Caudie, directeur du service culture et vie associative

« Que devient le droit à la culture pour tous ? »

155 000 euros en moins pour l’action culturelle rendrait impossible pour le service d’organiser les spectacles à l’année (plus aucun spectacle en salle, plus de médiation, plus d’accompagnement artistique avec courteÉchelle) et plus d’illuminations de Noël. Autre option, on supprime les manifestations festives comme Musiques à Gardanne, Arts et festins, les fêtes de Noël, Tremblement de rue. Il pourrait également être envisageable de tripler le prix des entrées des spectacles, de faire payer un droit d’entrée aux grandes manifestations actuellement gratuites... Le contraire de la politique municipale actuelle, axée sur le droit à la culture pour tous.


Jeannot Menfi, adjoint délégué aux travaux

« Les aménagements de la Ville remis en question ? »

Il faut savoir que plus de 70 % des investissements publics sont supportés par les collectivités locales. Dernièrement, d’importants aménagements ont été réalisés à Gardanne : la rue Charles-Pauriol, les tennis, le déversoir de crue, la rue Paradis... Comment continuer à avancer avec 40 % de rentrées en moins. Actuellement, l’annonce faite par le Président ne garantit pas que nous puissions mener la rénova tion du Cours à son terme, pour la dernière tranche. Sans compter de l’impact économique que cela aurait sur les entreprises locales que nous faisons travailler... Pour Gardanne nous nous battrons contre cette perspective qui tourne le dos à l’avenir.