Emploi

Entreprises : entre ombre et lumière Energies 321 - Loïc Taniou

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Les industries présentes sur la ville et appartenant à de grands groupes internationaux continuent de soulever des inquiétudes. Le tissu des petites et moyennes entreprises de la ville reste plutôt dynamique malgré ces temps de crise.

Gardanne est une ville où l’activité économique est une richesse. Elle entend la développer malgré la menace que fait peser sur les finances communales la suppression annoncée de la taxe professionnelle. Dans l’attente des arbitrages du gouvernement sur cette question, la municipalité poursuit son aide au développement des entreprises et à la défense de l’emploi. Aussi, l’émoi a été vif lorsque le groupe d’électricité allemand E.on, qui venait de racheter la Snet à l’espagnol Endesa, a annoncé en avril dernier l’abandon du projet de construction d’une chaudière de 400 MW à cycle combiné gaz.

Le maire, Roger Meï, a écrit au président Nicolas Sarkozy et interpellé l’État pour qu’il intervienne et fasse respecter les accords contractés en 1999 avant de la fermeture de la mine, qui renforceraient le pôle énergétique à Gardanne. En effet, l’État qui est actionnaire à la hauteur de 35% de la Snet peut faire fléchir le groupe E.on qui réalise de gros bénéfices mais qui réduit ses investissements alors que la Provence est régulièrement en manque d’électricité.

La ministre refuse de rencontrer salariés et élus locaux

Michel Vaxès, député de la 13e circonscription, a porté auprès du parlement en séance du 30 juin, la question de l’avenir du site. Question à laquelle la secrétaire d’État, Valérie Létard, en charge des technologies vertes, a répondu que « Les deux centrales au charbon gérées par la Snet sur la commune de Gardanne seront exploitées au-delà de 2020.[...] Le gouvernement reste attentif, dans le cadre de sa politique énergétique, à l’évolution de cette entreprise et notamment à ses investissements. »

Face au scepticisme des salariés, il n’y a eu aucune réponse à la demande de rendez-vous formulée auprès du ministre. Une stratégie d’évitement de la part de l’État que les employés de la centrale espèrent stopper. Le syndicat CGT attend beaucoup pour sa part des discussions qui vont avoir lieu à Paris le 1er octobre lors du Comité central d’entreprise.

Du côté de l’usine d’alumine Rio Tinto Alcan (ex-Pechiney), les inquiétudes persistent également malgré une légère reprise due aux matières premières qui se sont raffermies en bourse. « La production est toujours au minimum depuis six mois, rappelle Jacques Armani, délégué du syndicat FO, il y a beaucoup de stock et on reste dans le flou. » Car les tours de passe-passes financiers continuent. Rio Tinto vient de vendre le secteur emballage d’Alcan pour 2 milliards de dollars pour se désendetter. Cela lui permet aussi d’éviter une entrée très controversée dans son capital de l’aluminier chinois Chinalco. Le jeu de pacman mondial se poursuit donc, alors que les salariés ne souhaitent qu’une seule chose : une réelle stabilité pour le site gardannais.

Les petites entreprises se tournent vers les hautes technologies

Aux côtés de ces deux grosses industries, le tissu des petites et moyennes entreprises de Gardanne reste dynamique malgré la crise. Ainsi, l’entreprise gardannaise Coreti a reçu en juin dernier le prix Stars et Métiers 2009 attribué par la Chambre de l’artisanat et des métiers et les Banques populaires, récompensant sa stratégie globale d’innovation. « Notre entreprise qui fabrique des pièces sophistiquées en inox, acier, aluminium et métaux rares a été récompensée, se réjouit son directeur Emmanuel Perrot, pour avoir su élargir son portefeuille clients. Notamment en se tournant vers des entreprises oeuvrant dans les hautes technologies comme la Comex nucléaire, Areva, Cybernetix, Eurocopter, la centrale thermique et dans des domaines peu touchés jusqu’à présent par la crise. » Le savoir-faire de l’entreprise gardannaise peut ainsi se retrouver sur des pièces d’éoliennes nouvelle génération ou encore sur des chariots poseurs de câble au fond des mers.

Par ailleurs, le centre Vulco de Gardanne, spécialisé dans le pneumatique et l’entretien rapide de véhicules, est le premier centre du réseau national à s’adapter à de nouvelles normes mises en place par le groupe. Née en 1975, cette entreprise gardannaise est ainsi devenue site pilote pour la mise en oeuvre d’un concept de point de vente et d’accueil type “web café” avec borne d’accès à Internet, rayonnages techniques...

Au pied de la centrale thermique, le groupe Perottino vient de terminer ses études de sols et de terrassement et de donner les premiers coups de pioche. La future zone d’activités Novactis devrait, selon l’aménageur, voir ses premières livraisons vers le printemps 2010. Nous y reviendrons dans un prochain numéro d’énergies.