Festival d’automne

Entre réalité et fiction Bruno Colombari

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Le film documentaire a retrouvé ses lettres de noblesse depuis quelques années. Certaines fictions lui empruntent même ses techniques, comme l’a montré le festival d’automne qui s’est achevé le 6 novembre.

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Prenez un thème d’actualité : le travail. Confiez-le à des réalisateurs. Les uns en feront plutôt un documentaire, comme Christian Rouaud avec son formidable Les Lip, l’imagination au pouvoir. D’autres en feront une fiction, comme Nicolas Klotz avec La question humaine. D’au tres encore filmeront leurs parents au travail, comme Héléna Klotz, fille du précédent. « Il fallait raconter Lip à nos enfants, a expliqué Christian Rouaud au public du festival d’automne, le 29 octobre. J’ai choisi d’en faire un film d’action, avec des gens âgés qui racontent leur histoire. Ça m’intéressait de montrer comment l’histoire collective s’écrit à partir d’individus. Mais ce n’est pas qu’une leçon d’histoire, il y a beaucoup de choses à retenir pour aujourd’hui.  » Sorti en mars dernier en salles, Les Lip n’a été diffusé par aucune chaîne de télévision.

La Question humaine, de Nicolas Klotz, aborde le monde de l’entreprise contemporaine par ses luttes de pouvoir, les pressions psychologiques exercées sur les salariés et des méthodes de management qui ne reculent devant rien. Le documentaire Les amants cinéma, réalisé par Héléna Klotz, montre ses parents (sa mère est scénariste) au travail pendant le tournage, les discussions, parfois âpres, autour de la table de montage.

Cette vérité, cette spontanéité, on les retrouve dans l’étonnant film de Peter Watkins, La Commune (Paris, 1871), une fiction tournée comme un documentaire. Une image en noir et blanc, caméra à l’épaule, avec des journalistes télé plongés au coeur de la tourmente révolutionnaire et qui interrogent des soldats, des artisans, des élus, des femmes... En parallèle, Télé Versailles (dont le discours ressemble étrangement à celui de TF1) se place résolument du côté du pouvoir, celui d’Adolphe Thiers qui va écraser l’insurrection. Là aussi, comme pour les Lip, surgissent la question des sans-papiers, du travail, de la précarité, de la violence, de l’égalité...

Le festival aura enfin été l’occasion de découvrir des cinémas lointains, que ce soit d’Israël, de Chine, du Japon ou d’Amérique latine. Et malgré une météo défavorable (c’est-à-dire printanière), la fréquentation s’est maintenue au niveau de l’an dernier, avec 7 262 entrées. En attendant la vingtième édition...