Fermeture de la mine

Ennoyage : la vigilance s'impose Carole Nerini

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Les Houillères viennent d’annoncer l’arrêt anticipé de l’extraction du charbon à la mine de Gardanne. Que vont devenir les galeries ? Une réunion s’est tenue en mairie il y a quelques jours pour faire le point sur l’ennoyage du fond envisagé par la direction.

L’ennoyage d’une mine consiste à laisser monter l’eau dans les puits lorsque l’extraction du charbon est arrétée. Un comité de vigilance a été créé voici quelques temps pour y réfléchir et étudier toutes les solutions possibles, les meilleures pour notre environnement, les plus appropriées pour que la situation qu’ont connue les Lorrains ne se renouvelle pas en Provence. En effet, de nombreux effondrements de maisons avaient été constatés dans cette région suite à la montée des eaux. Le 15 janvier dernier, une rencontre avec des élus des communes du Bassin Minier, des associations écologiques, les mineurs et un représentant de la DRIRE s’est déroulée en mairie. Les inquiétudes sont grandes, d’autant plus que du côté des Houillères, tout ne s’effectue apparemment pas en totale transparence. Comme l’a souligné Roger Meï, « j’ai appris qu’on arrêtait le pompage de l’eau à 1300 m au 1er février et que des travaux avaient été entrepris aux Molx. Nous devons vraiment être tenus au courant de ce qui se passe sur notre commune ». Une motion envoyée aux ministres concernés le demande clairement (lire ci-dessous).

Si la production est arrêtée au 1er février, des travaux de démantèlement seront prévus mais aucune date n’a été définie pour l’arrêt total de ces derniers. Pour Christian Giordano mineur chargé de faire le lien entre les HBCM et la municipalité, « il faut tenir compte du fait que d’ici le mois de juin, il est prévu le départ de 280 mineurs et qu’il faudra bien que ces travaux soient terminés. En ce qui concerne le fond de la mine, les huiles et les graisses devraient être remontées. Le reste devrait rester sur place (transformateurs, câbles, acier, cuivre, bois), sachant que les Houillères mettront en place un système de lavage pour tout ce qui restera au fond. » La direction des Houillères aurait déjà dû remettre son dossier de déclaration d’arrêt définitif des travaux ainsi qu’une étude des risques. Les mois passent, rien ne vient.

Le problème, c’est que la direction des Houillères peut décider de l’ennoyage de la mine avant d’avoir déposé ce dossier. Jean-Luc Baudry est responsable du CHSCT (Comité Hygiène et Sécurité) : « A la remise des études, le préfet a 6 mois pour donner son accord ou le refuser. Mais rien n’interdit à l’exploitant de prendre des dispositions avant cette décision. Des solutions de non retour peuvent être prises, c’est ce qui nous inquiète. » De son côté, la direction des Houillères semble avoir opté pour la solution qui consiste à ennoyer la mine jusqu’à la galerie à la mer, une installation souterraine de 15 km qui débouche à Marseille, à la Madrague. « Cette solution, explique Elsa Assante, chargée de l’animation de la charte communale de l’environnement à la mairie de Gardanne, apparaît comme la moins risquée. Bien entendu, les craintes de pollution des eaux, de glissement de terrain, de gaz de mine doivent être largement étudiées, on ne peut se contenter d’entendre que les problèmes survenus dans les autre bassins miniers après la fermeture des mines ne se reproduiront pas ici. » La DRIRE (Direction régionale de l’industrie et de la recherche), représentée lors de la rencontre par M. Mounier semble pour sa part déterminée à ne rien négliger. Les élus et habitants du Bassin minier aussi. Affaire à suivre...

Ne rien faire sans concertation

Au cours de la rencontre du 15 janvier, Roger Meï a soumis à l’assemblée une motion adressée aux ministres de l’écologie et du développement durable et de l’Industrie ainsi qu’au Préfet de Région. Elle a été envoyée à ses destinataires il y a quelques jours et stipule : les élus, représentants d’associations, d’organisations syndicales réunis ce jour en mairie de Gardanne demandent : 1) Qu’aucune décision ayant trait à la fermeture de la mine et pouvant avoir des conséquences écologiques pour nos communes ne soit prise sans qu’une concertation réelle ne soit engagée avec la population du Bassin Minier et ses représentants, et des communes susceptibles de subir les incidences de ces décisions. 2) Au Préfet de prendre dans les meilleurs délais l’initiative d’une réunion regroupant l’ensemble des partenaires concernés, y compris les Houillères. 3) Qu’une expertise soit engagée indépendamment de celle diligentée par la direction des HBCM et notamment par des experts internationaux.