Dossier

E.on se met au bois Energies 428 - Bruno Colombari

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SUR MOINS D’UN KILOMÈTRE DE DISTANCE, À L’ENDROIT OÙ L’AXE GRÉASQUE-MEYREUIL CROISE LA ROUTE DE NICE,on trouve le stock de charbon et ses 220 000 tonnes qui alimentent la centrale thermique, le parc solaire des Sauvaires et ses 38 000 panneaux photovoltaïques et, entre les deux, la plateforme biomasse de la Mounine et ses 5 000 tonnes de bois entreposées sous forme de troncs de deux à quatre mètres de long. Le rayonnement solaire, le charbon et le bois ont tous trois un point commun : ils servent à produire de l’électricité de différentes manières.

C’EST POUR FAIRE LA TRANSPARENCE SUR LA FUTURE CENTRALE BIOMASSE QU’E.ON S’EST ASSOCIÉE À LA JOURNÉE DE L’ÉNERGIE. D’où vient le bois qui sera brûlé ici ? Y aura-t-il des nuisances sur l’environnement ? La biomasse est-elle rentable ? Autant de questions posées par les dizaines de visiteurs accueillis par le personnel d’E.on dès le samedi matin à 9h15.

« Il y a trois sortes de bois en exploitation forestière, » explique Pierre-Jean Moundy, ingénieur forestier d’E.on.« Les bois nobles qui vont servir à fabriquer des meubles ou du parquet par exemple, le bois industrie pour la pâte à papier et les panneaux agglomérés et enfin le bois énergie, comme celui qu’on va utiliser ici et qui est impropre à d’autres usages : ça peut être du pin, du platane, du peuplier... »

Ce bois, ajouté à celui d’élagage et aux déchets de bois d’ameublement représentera 150 000 tonnes par an, viendra de Paca et du Languedoc-Roussillon et sera broyé sur place. Le reste, soit 700 000 tonnes, arrivera sous forme de plaquettes et sera stocké dans le nouveau bâtiment autoit à deux pentes côté centrale. La moitié de ces plaquettes sera importé au démarrage de la centrale biomasse, venant d’Espagne, des pays Baltes et d’Amérique du Nord par bateau jusqu’au port de Fos. Cette proportion devrait diminuer progressivement avec l’objectif, dans dix ans, de remplacer ces plaquettes d’importation par du bois local.

LA CENTRALE BIOMASSE SERA-T-ELLE POLLUANTE ? E.on assure que non : les 855 000 tonnes qui y seront brûlées chaque année devraient générer 50 tonnes de particules fines. Un brûlage à l’air libre (lors d’un incendie de forêt par exemple) en produirait 200 fois plus. Reste la pollution entraînée par le transport de bois et de plaquettes. Pour l’instant, c’est le camion qui est privilégié, aussi bien pour la biomasse régionale que pour celle importée. Sachant qu’un train de fret représente en moyenne l’équivalent de 44 camions, et qu’une fois la centrale biomasse en activité (fin 2015), 250 camions de bois et de charbon circuleront chaque jour, le calcul est vite fait...

« Le volume de bois transporté par le train a été divisé par dix en dix ans, » constate Pierre-Jean Moundy.« Notre objectif est d’arriver à un train de charbon par jour et un train de bois par semaine afin de limiter le recours aux camions. » Des riverains se sont inquiétés des nuisances sonores générées par le broyeur qui va transformer les troncs en palettes et qui a été testé ces derniers mois. E.on s’est engagé à respecter les normes en la matière. Un comité de suivi du site va être mis en place sous la responsabilité du Préfet.

« Vous avez fait des efforts importants, » a souligné Roger Meï en direction des industriels.« Il en reste à faire. J’ai invité la ministre de l’écologie à venir à Gardanne, on lui fera visiter les installations. »