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Didier Touat, septième au marathon de New-York Energies 408 - Carole Nerini

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Après 23 ans de course en fauteuil et après avoir participé aux plus grands marathons handisport, Didier Touat vient de terminer 7e au marathon de New-York. Une belle histoire faite d’humilité. Rencontre avec un sportif hors normes.

SOURIANT, HUMBLE, TOUJOURS AGRÉABLE, Didier a toujours affirmé que le sport était pour lui une école de vie ; une école où il fait partie des meilleurs même s’il n’apprécie pas qu’on le lui répète. Lorsqu’on l’interroge sur ses nombreuses courses, ce ne sont pas les résultats qu’il exprime en premier, mais des anecdotes, sa découverte du monde et des populations, son entraînement dans Central Park ou les moments qu’il a partagés avec ses proches, les comportements choquants ou les belles rencontres. Et il en est une que Didier n’est pas prêt d’oublier...

« Il y a un peu plus de six mois, j’ai participé au Marathon de Trévise en Italie. Un gars, que je connaissais comme ça pour l’avoir côtoyé dans de nombreuses courses, a crevé. Je lui ai passé une roue pour qu’il puisse continuer la course et il l’a gagnée. Pour moi, c’était tout naturel mais il a vraiment apprécié. Peu après, il m’a envoyé une invitation pour participer au marathon de New-York. C’est incroyable. »

Didier y avait participé, il y a vingt ans mais les souvenirs qu’il en garde ne sont pas très bons. Il fallait donc qu’il soit sur la ligne de départ cette fois-ci pour changer la donne. « C’était tout simplement génial, la population était derrière nous, l’ambiance n’était pas du tout la même. La preuve qu’en vingt ans, les mentalités ont évolué. Nous étions cent participants, je suis arrivé septième ex aequo avec un bon temps. Lorsqu’on participe à des courses comme celle-là, on fait des rencontres fantastiques. Et puis je suis parti avec mon père et j’ai partagé de belles choses avec lui. Je pars du principe que dans le sport, on ne doit pas se focaliser sur les résultats uniquement, il y a tellement de belles choses à vivre autour de ça ! Bien sûr, je suis satisfait de ma course et de mon classement mais ce n’est pas l’essentiel.  »

ET C’EST EN HANDBIKE (VÉLO ADAPTÉ POUR HANDICAPÉS) que Didier a réalisé cette prouesse, après 23 ans de courses en fauteuil, un passage qui n’a pas été facile mais qui pour des raisons de santé ne lui a pas laissé le choix. Puis il s’est une nouvelle fois battu, il a accepté, et c’est avec une grande fierté qu’il représente aujourd’hui le vélo club Saint- Antoine / La Gavotte. Les coups durs, Didier en a l’habitude et il en est toujours sorti grandi. Comme en 1992 à Moscou... « C’était il y a vingt ans. Je participai au Paris-Moscou. A 40 km de l’arrivée, je suis sorti du fauteuil et je me suis assis par terre. Jean-Marc Bellocq, grand marathonien s’est approché de moi, il m’a jeté comme un gamin en me lançant  : Qu’est ce que tu vas leur dire aux enfants de la Timone, que tu as baissé les bras ? Ça a été terrible. Je suis remonté honteusement sur mon fauteuil et j’ai terminé la course. Pour eux... »

S’il a parcouru de nombreux pays, Didier Touat court aussi pour la bonne cause. Au parc Borély à Marseille, au record des 24 heures, un ordinateur a été offert à la Timone tous les 100 km. Au final, ce sont 160 kg de jouets et trois ordinateurs qui ont été remis au service où Didier était soigné quand il était petit. Un exemple parmi tant d’autres. Continue Didier, la leçon de vie, c’est toi qui nous la donne.