A un jet de pierre de la base de l’immense cheminée du groupe 5, on se sent tout petit. Le sommet de l’édifice pointe trois cent mètres plus haut. Mais c’est d’en bas qu’un problème se pose depuis le début de l’été : les deux gros ventilateurs de tirage de 8 MW chacun sont très bruyants. Trop.
« Dès le 24 juillet, nous avons contacté la société Acouphen Environnement pour mesurer le niveau sonore et proposer des solutions, » explique Bernard Martres, directeur de la Centrale, aux riverains invités le 14 septembre pour une réu nion d’information. Le cahier des charges demandé à la société Alstom spécifiait un niveau sonore maximum de 85 décibels (dB) à un mètre de l’installation. Le niveau réel varie entre 90 et 94 dB. Sachant que cinq décibels en plus correspondent à une intensité sonore multipliée par trois, ce dépassement n’est pas anodin.
Les riverains, regroupés dans l’association de lutte contre les nuisances et les pollutions (ALNP) attendent donc des réponses à leurs questions : « des silencieux ont-ils été posés ? Pourquoi les ventilateurs fonctionnent-ils maintenant ? Qu’allez-vous faire pour diminuer le bruit ? »
Sans attendre le résultat du litige avec Alstom (qui aurait fait sous-traiter l’isolation phonique à une société aujourd’hui en faillite), Endesa a pris les devants et demandé une étude pour isoler les ventilateurs. La solution proposée par Acouphen Environnement est la suivante : « Il s’agit de poser une charpente métallique sur un socle en béton pour entourer les ventilateurs et leurs moteurs, sur 800 m2. Les murs feront 40 cm d’épaisseur et seront composés de tôle et de laine de roche. »
Pourquoi de la tôle et pas du béton ? « La structure doit être démontable pour pouvoir accéder aux moteurs en cas de panne. » Problème : quand on enferme un moteur dans un local, la température a tendance à monter... Il va donc falloir installer des ventilateurs supplémentaires. « Mais ceux-là seront bien isolés. » Acouphen Environnement estime pouvoir faire baisser l’intensité sonore de 30 dB grâce aux bunkers. Lesquels devraient être prêts pour fin janvier 2008.
En attendant, la centrale va mettre en place une solution d’urgence afin de réduire les nuisances : un mur antibruit de 13 mètres de haut et de 85 mètres de long érigé côté Nord, et constitué de conteneurs et de laine de roche. Ce mur devrait être prêt vers le 10 octobre. La Drire, présente à la réunion du 14 septembre, a pour sa part constaté qu’il fallait redéfinir les points de mesure acoustique chez les riverains, lesquels affirment que les arrêtés préfectoraux ne sont pas respectés. « Vous avez obligation de réussir et d’améliorer la situation, » a affirmé Roger Meï à Bernard Martres, directeur qui s’attache à résoudre le problème.