Conférence cerveau

Des souris et des hommes machines Energies 414 - Jeremy Noé

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ROBOTS TOUJOURS PLUS ÉVOLUÉS, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE TOUJOURS PLUS BLUFFANTE... et bientôt, des machines dotées de sentiments ? Gardanne, qui promeut la culture scientifique en Pays d’Aix, a ouvert la Semaine européenne du cerveau du 10 au 16 mars, aussi relayée dans six villes de la région. Au menu, une conférence à la médiathèque Nelson- Mandela pour explorer les perspectives de l’homme-machine, animée par Jean-Pierre Ternaux, directeur de recherche honoraire du CNRS. « On dit que le XXI e siècle sera celui du cerveau. On ne sera peut-être pas tous là pour le voir... mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a encore beaucoup de travail car finalement, on ne connait toujours pas grand chose sur le cerveau, » indiquait le chercheur. Depuis Isaac Asimov jusqu’à Blade runner, Matrix, Ghost in the shell, Robocop, Terminator... littérature et cinéma s’interrogent régulièrement sur l’avenir de l’être humain et sa fascination de créer des êtres artificiels à son image, ou à “s’augmenter” grâce aux machines.

Le sujet comporte des questions philosophiques, éthiques, scientifiques passionnantes. Et ne date pas d’hier, selon Jean-Pierre Ternaux. « Cette idée de reproduire le vivant, je crois qu’elle est profondément ancrée dans notre cerveau dès la naissance de l’humanité. Déjà, chez les Sumériens, les Égyptiens, à l’époque d’Alexandrie (1er siècle de notre ère) la démarche était là : construire des premières machines pour soulager, remplacer le travail humain. » Et Jean-Pierre Ternaux de brosser le portrait de toutes ces nombreuses inventions qui ont jalonné l’histoire de “l’homme machine,” en passant par les automates à vapeur ou les robots japonais humanoïdes actuels, jusqu’à l’intelligence artificielle et aux tentatives de greffer des systèmes nerveux sur... des circuits imprimés.

Aujourd’hui, le Human brain project, financé par l’Europe, souhaite reconstruire un énorme ordinateur sur lequel on aura entré toutes les connaissances disponibles sur le cerveau, et en particulier l’anatomie des cellules nerveuses, leurs connections et neuro-transmetteurs. « L’objectif avoué est de pouvoir, au sein de cette machine virtuelle, détruire un certain nombre de neurones, comme dans un cerveau atteint de maladie, pour voir comme la machine traite les informations.  »

Verra-t-on au XXIe siècle un cyborg si perfectionné qu’il ne sera plus possible de le distinguer d’un être humain, comme dans Blade runner ? Pas tout à fait, assure Jean-Pierre Ternaux. « La machine mémorise tout. Nous, non, et nous sommes capables d’effacer toutes les sensations négatives de notre mémoire. Heureusement, sinon, on ne serait plus que dans une logique de survie. » De là à dire que l’homme-machine est un mort-vivant en puissance...