Cinéma

Des raisons d’y croire Energies 325 - Bruno Colombari

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La 21e édition du festival d’automne, avec un public en hausse, a fait la part belle au cinéma documentaire et militant.

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« Pour fonctionner, ce cinéma a besoin de militants. Dommage que vous ne soyez pas toujours aussi nombreux, » a remarqué Roger Meï devant une salle pleine lors de l’ouverture du festival d’automne. La veille, le Conseil municipal avait voté une aide de 34 000 € pour améliorer les comptes du 3 Casino. Mais les difficultés financières n’ont pas empêché la tenue de la 21e édition du festival, avec une orientation franchement tournée vers les documentaires : on retiendra entre autres La domination masculine de Patric Jean (sortie le 25 novembre), D’une seule voix de Xavier de Lauzanne (sortie depuis le 11 novembre) et La République Marseille de Denis Gheerbrant, tous trois ayant recontré le public du cinéma.

Le projet de Denis Gheerbrant est aussi ambitieux qu’original : faire le portrait d’une ville, Marseille, à travers ses composantes populaires (chaudronnier, docker, boxeur, militants, locataires) par le biais de sept documentaires d’une durée totale de six heures. « J’ai fait six mois d’enquête et un an et demi de tournage. J’ai approché les gens au plus près, de toutes les manières possibles. Ce sont eux qui m’ont choisi, qui sont entrés en relation avec moi. A travers ces films, j’ai voulu transmettre quelque chose de possible, quelque chose qui vient de soi et qui concerne les autres. »

On retiendra tout particulièrement les éclats de colère de Rolf le docker, furieux de voir qu’une porte verrouillée l’empêche d’accéder à son coin de pêche, près de l’Estaque, ou encore les témoignages des femmes de la cité Saint- Louis, un quartier ouvrier dont les maisons vont être vendues : « Mais c’est la même chose qu’à Biver ! » s’est exclamée une dame dans la salle. C’est ça l’intérêt de La République Marseille : décrire l’attachement que les gens portent à leur maison, à leur travail, à leur engagement et à leur histoire, et ce qui se passe quand ces liens sont rompus. Le dernier documentaire, La République, raconte comment une gigantesque opération immobilière chasse brutalement des habitants modestes mais déterminés à se battre.

Au palmarès de cette édtion 2009, ont été récompensés par le public D’une seule voix, de Xavier de Lauzanne (catégorie long-métrage) et Juste un pitch de Éric Raynaud (court-métrage).