Noms de résistants à Gardanne

Des hommes, des femmes, un programme Bruno Colombari

Publié le

Gardanne ne manque pas de lieux, rues, bâtiments publics, portant le nom de personnalités de la Résistance. Sans prétendre être exhaustif, voici quelques repères biographiques (auxquels ont pourrait ajouter bien entendu le général de Gaulle) ainsi qu’un rappel de ce que fut le programme du Conseil National de la Résistance (CNR).

François Billoux

Né en 1903, il adhère au Parti communiste en 1920. Il est élu député des Bouches-du-Rhône en 1936 lors du Front populaire. Arrêté en 1940, il rejoint Alger en 1943 où il est membre de l’assemblée consultative provisoire. Il sera notamment ministre de la santé publique du gouvernement provisoire à la Libération, avant d’occuper les fonctions de ministre de l’économie nationale, de la reconstruction puis de la Défense.
Le centre de santé mutualiste porte son nom.

Martin Bret

Né en 1898, il fonde une coopérative agricole dans les Basses-Alpes et devient conseiller général SFIO à Masnosque. En 1940, il est l’un des premiers résistants de la région et implante des maquis. Il organise des sabotages d’usines vitales pour l’industrie allemande, dont celle d’alumine à Gardanne. Arrêté par la Milice et la Gestapo à Oraison en juillet 1944, il est emmené à Marseille, torturé et fusillé dans le vallon de Signes.
Une rue du centre-ville porte son nom.

Marie-Madeleine Fourcade

Née en 1909, elle a été responsable du réseau de Résistance Alliance après l’arrestation de son chef, Georges Loustaunau-Lacau, où elle brillera dans des activités d’espionnage. Arrêtée avec son état-major en novembre 1942, elle s’évade et dirige le réseau depuis Londres jusqu’à la Libération. Elle revient en France après le débarquement de Normandie, est à nouveau capturée par la Gestapo et s’échappe encore une fois.
Le lycée polyvalent porte son nom.

Le groupe Manouchian

Missak Manouchian, né en Arménie, adhère au PCF en 1934 et entre en février 1943 dans le FTP-MOI (francstireurs partisans, main d’oeuvre immigrée). Avec une cinquantaine de militants, il organise des attentats contre l’occupant avant d’être arrêté en novembre 1943. Les Allemands publient alors la fameuse Affiche rouge, présentant le groupe Manouchian comme une bande de terroristes. Du coup, les soutiens à la Résistance se multiplient. Missak et 21 de ses compagnons sont fusillés en février 1944.
Une avenue près du lycée porte leurs noms.

Yvon Morandat

Né en 1913, Yvon Morandat rejoint l’Angleterre et le général de Gaulle dès le 18 juin 1940. Parachuté à Toulouse, il a pour mission de financer les syndicats et les mouvements de résistance de la zone Sud. En août 1944, il prend possession de l’Hôtel Matignon à la libération de Paris. Mem bre du même réseau que Lucie et Raymond Aubrac, gaulliste de gauche, président des Houillères de Provence (1959-1963), il fait partie du gouvernement Pompidou en 1968 avant d’être nommé à la tête de Charbonnages de France jusqu’à son décès en 1972.
Le puits de mine Y porte son nom.

Jean Moulin

Né en 1899, il est chef de cabinet du ministre de l’Air au moment du Front populaire et nommé préfet d’Aveyron en 1937. Révoqué par le gouvernement de Vichy, il s’installe à Saint- Andiol avant de rejoindre le général de Gaulle à Londres. Celui-ci le charge d’unifier les mouvements de résistance sous le nom d’Armée secrète. Puis il met en place le Conseil national de la Résistance (CNR) avant d’être arrêté sur dénonciation à Caluire en même temps que Raymond Aubrac. Identifié par Klaus Barbie, chef de la Gestapo à Lyon, il est envoyé à Paris où il est torturé. Il meurt le 8 juillet 1943 dans un train qui l’emmenait en Allemagne.
Une rue près du stade Savine porte son nom.

Charles Pauriol

Né en 1922, il travaille à Marignane sur les trains d’atterrissage des avions. Il entre dans la Résistance à Paris après avoir été muté par sa direction pour avoir organisé des grèves. Il est arrêté par la police française le 26 mars 1943 sur dénonciation. Conduit à la prison de la Santé, il est transféré à Eysses, dans le Tarn, puis à Compiègne et à Dachau. Il est envoyé à Mauthausen. Il est libéré le 5 mai 1945 par les Américains.
Une rue au Pesquier porte son nom.

Gabriel Péri

Né en 1902, il s’engage au Parti communiste et travaille au journal l’Humanité. Élu député, il prend la défense du pédagogue Célestin Freinet au début des années trente. Combattant antifasciste, il défend la république espagnole et dénonce les accords de Munich. Pendant la guerre, il poursuit la publication clandestine de l’Humanité à Paris. Il est arrêté le 18 mai 1941 et fusillé le 15 décembre, avec 91 autres otages en représailles des attentats que mène le PCF depuis l’entrée en guerre de l’URSS.
Le collège du centre-ville porte son nom.

Le commando Courson

Formé en septembre 1944, le commando Courson est issus des mouvements de la résistance provençale. Il est constitué notamment de cinquante Gardannais qui rejoignent d’autres volontaires à Aix avant d’être jumelés avec les commandos d’Afrique. Ils participent à la libération de Belfort et de de Colmar, franchissent le Rhin et atteignent le Danube le 8 mai 1945.
Une stèle au square Veline porte leurs noms.

Le socle du modèle social français élaboré en mars 1944

Voulu par Charles de Gaulle pour unifier la Résistance intérieure, le CNR se réunit pour la première fois le 27 mai 1943 sous la présidence de Jean Moulin. Il comporte des représentants des huit grands mouvements de la Résistance, des deux syndicats majoritaires d’avant-guerre et des six principaux partis de la 3 e République. Il est aussi chargé de préparer un programme politique qui sera appliqué après la Libération.

Adopté le 15 mars 1944, il a pour objectif une démocratie sociale et prévoit la nationalisation de l’énergie, de l’assurance et des banques, la création de la sécurité sociale (assurance santé et régimes de retraite par répartition), la liberté et l’indépendance de la presse, les comités d’entreprises... C’est le socle du modèle social français, conçu sous l’Occupation et réalisé dans un pays ruiné par six ans de guerre.

En mars 2004, un appel a été lancé par d’anciens Résistants, dont Lucie et Raymond Aubrac, pour défendre l’esprit et l’actualité de ce programme. L’appel sera largement repris par les mouvements sociaux de 2005 (référendum sur le traité constitutionnel) et 2006 (contre le CPE). En novembre 2007, un ex-dirigeant du Medef, Denis Kessler, affirmait à propos des réformes en cours : « Il s’agit de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. »