Biver

Des creux et des bosses Energies 430 - Jeremy Noé

Publié le

On a passé un petit moment avec les boulistes de Biver, histoire de prendre la température avant la pose d’une plaque en l’honneur de deux figures historiques de la cité.

CE SAMEDI APRÈS-MIDI, DERNIER JOUR DU MOIS DE JANVIER, ON A QU’UNE ENVIE, C’EST DE RESTER SOUS LA COUETTE AVEC UN THÉ ET UN FILM. Eux sont déjà une demi-douzaine à s’être regroupés devant le terrain de boules de Biver, à papoter de choses et d’autres. Est-ce que ça va jouer, cet après-midi ? « Bah, on peut pas dire, les joueurs de boules c’est surtout en semaine, et puis aujourd’hui y’en a plein qui ont du aller au championnat à Martigues. » Autant pour nous qui souhaitions faire un reportage sur les boulistes, et qui sommes–comme souvent un peu en retard–tousse, tousse–pour rendre notre copie.

Désespéré, on repasse deux heures plus tard. Ils sont tous là. Une quinzaine taquine le bouchon, presque autant s’est réfugié dans les locaux de La boule verte, qui pour taper la discute, qui pour taper le carton. Ils sont comme ça les Bivérois, ils ne font jamais rien comme tout le monde, et surtout rien comme Gardanne même s’ils sont un peu Gardannais quand même.

UN AN ET DEMI APRÈS L’OUVERTURE DE LA CRÈCHE LES LUCIOLES, LA PETITE VIE DES BOULISTES VA PLUTÔT PAS MAL. Oubliées, certaines tensions à l’oeuvre pendant la construction du bâtiment, qui jouxte désormais leur terrain. « C’est plus le même système qu’avant mais bon... on avait peur que ça créée des problèmes avec les gamins. Le bruit, la façon de parler... mais ça va, ça a changé, Biver, c’est plus les barbares d’il y a quarante ans en arrière, » explique Jean Quaresmini, président de La boule verte. Il est le gardien des clés du local construit par la Ville, un véritable lieu de convivialité qui permet aux adhérents de venir se réchauffer et jouer aux cartes entre deux parties de boules. « C’est plus la même façon qu’avant de jouer, avant le terrain était différent, il y avait des bosses, des pierres... C’est surtout les anciens qui râlent, les plus anciens que moi, y’en a encore deux ou trois ils rouspètent... »

Justement,François, 87 printemps sort un instant pour se mêler à la conversation. « Moi, vous me le demandez, la pure vérité, c’est un jeu de boules pour les bébés. C’est pour les femmes. » On éclate de rire bien malgré nous. « Vous me le demandez mais vous rigolez, si c’est comme ça je m’en vais hein ! avant il était varié, il y avait des bosses... » Certes, mais la jeune génération, la relève, avait bien besoin d’une crèche, non ? « Oh, de partout c’est comme ça, c’est l’évolution, » explique Jacques, venu nous rejoindre.« Disons que ce style de terrain renforce ceux qui savent pas jouer ! »François reprend :« Et les petits, qu’est-ce qu’ils apprennent à côté quand on joue ? Et mer... con, chier, ils apprennent ça ! »Après, c’est à vous de montrer l’exemple auprès des petits, non ? Fait on remarquer. « Tiens, allez jouer, quand vous allez envoyer une boule de côté on va voir comment vous allez parler... »

Bon, mauvaise foi excepté, on les aime bien les boulistes de Biver. Et en restant encore un moment pour les écouter parler sur le terrain, on se dit qu’il eut été dommage que les gamins de la crèche se privent de leur présence, car il est aussi question d’y apprendre un certain français.« J’y voyais que dalle, j’aurais pas du tirer ! - Toi, il faut te mettre une pastèque à la place du bouchon ! »

Rendez-vous Le 17 février à 16h au boulodrome, la Ville convie la population à la pose d’une plaque en l’honneur de Silvio et Max Pierazzi, figures bien connues de Biver. Un apéritif suivra.