Logement

Des actions contre l'habitat indigne Carole Nerini

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Le mois dernier, une dizaine d’habitants du 40 rue Puget dans la vieilleville ont été relogés temporairement par la mairie... en attendant d’intégrer la résidence sociale, qui devrait ouvrir ses portes pour l’été 2007. L’immeuble devrait être démoli pour faciliter l’accès au quartier.

Nous sommes le 4 janvier. Il est un peu plus de neuf heures. Tout est calme dans la rue Puget. Dans quelques minutes, l’appartement situé au numéro 40 sera vidé de ses occupants. Un camion ainsi qu’une équipe du Centre technique municipal arrivent sur place dans la ruelle étroite afin de transporter les maigres affaires des dix travailleurs immigrés qui vivent ici, dans des conditions inimaginables. Tout se déroule sans encombres, les relogés découvrent leur nouvel appartement à l’avenue de Toulon, clair, spacieux, propre, chauffé, équipé, mais provisoire.

Une mise en suspicion de péril

Pour ces habitants comme pour la municipalité, c’est une bouffée d’oxygène, même si la lutte contre l’habitat indigne n’est pas terminée. Quelques heures plus tard, portes et fenêtres du 40 étaient murées. Arrivé de Tunisie et d’Algérie, le groupe de travailleurs s’est installé en 1975 au 40 de la rue Puget, chez leur patron. « En 1980, il a disparu, depuis nous n’avons plus de nouvelles de lui, nous ne payons plus de loyer, expliquent-ils. Quand on est arrivés, ici, on était comme à l’hôtel, mais depuis qu’il est parti, les conditions de vie se sont dégradées et la vétusté du logement ne nous a pas permis d’arranger grand chose. Et qui allait payer ? Hier encore, on faisait chauffer de l’eau pour prendre une douche. »

En effet, l’hôtel s’est transformé en un véritable taudis avec un toit qui menaçait de s’effondrer, des fils électriques partout, un reste de peinture sur les murs qui résiste on ne sait comment, un sol en très mauvais état... un aménagement qui relève du minimum pour vivre ou plutôt pour survivre, et si peu de clarté ! Et plus on monte dans les étages, plus la situation est grave !

L’association Contacts située dans la vieille-ville a alerté la municipalité de la situation il y a quelques temps. Après une visite par les services sociaux, le maire et les élus, il a été convenu de trouver une solution le plus rapidement possible. Comme l’explique Jeannot Menfi, adjoint au logement, « il fallait faire vite puisque la demeure a été mise en suspicion de péril après le passage des experts. Nos services ont prospecté parmi le patrimoine communal et nous avons pris la décision de réhabiliter un appartement situé à l’avenue de Toulon pour les accueillir provisoirement. La gestion locative de cet immeuble a été confiée à la Sonacotra, le même organisme qui gérera la résidence sociale. »

Des projets pour le quartier

La Ville souhaite désormais acquérir les immeubles du 40 et 42 rue Puget. « Pour cela, la Semag a lancé une procédure d’utilité publique et nous espérons une réponse favorable, explique Laure Grison responsable du service habitat. Il est prévu dans le cadre de l’aménagement du cours que ces bâtiments soient démolis afin de créer la percée Font du Roy. » D’importants changements devraient s’opérer dans les deux années à venir. En effet, le souhait de la municipalité étant d’ouvrir la vieille-ville sur le centre, plusieurs immeubles inhabitables vont être détruits. « Il s’agit du 17 et 19 de la rue Viala ainsi que du 25, 27 et 29 de la rue Courbet qui sont murés depuis quelques temps déjà, ajoute Jeannot Menfi. Un escalier monumental sera ensuite construit de la rue Puget jusqu’à la Chapelle. »

Les travaux de la résidence sociale devraient quant à eux débuter avant l’été pour une durée de 12 mois. Une partie des personnes relogées à l’avenue de Toulon y résidera. Dans le cadre de ce projet de résidence sociale, la Sonacotra devrait également acquérir d’autres logements dans la commune. « Pour l’heure, nous travaillons sur le relogement des habitants du 7 rue Kruger qui vivent eux aussi dans de très mauvaises conditions, sans propriétaire," insiste Georges Felouzis directeur du CCAS.

Résidence sociale : travaux cet été

D’après les dernières informations de la Sonacotra, les travaux devraient débuter avant l’été. Rappelons que cette résidence sociale a un objectif double : répondre à des besoins en logement temporaire sur la commune pour des ménages qui n’arrivent pas à accéder à un logement ordinaire du fait d’une situation sociale difficile ou de ressources modestes et loger des travailleurs migrants vieillissants actuellement hébergés dans des logements insalubres. Le public à accueillir a été défini en accord avec la municipalité, suite au travail de concertation engagé avec l’ensemble des partenaires institutionnels et sociaux intervenant sur la commune. Ainsi, la résidence sociale va répondre aux besoins pour des jeunes en rupture familiale, pour des personnes isolées, des couples, des familles monoparentales ou des couples avec un ou deux enfants relevant du PDLPD (Plan Départemental pour le Logement des Plus Démunis) ayant de faibles ressources, pour des étudiants boursiers (20 % maximum de la capacité d’accueil de la résidence), pour des travailleurs migrants.
A noter que quatre logements seront aménagés afin de pouvoir accueillir des personnes handicapées.