Prévention illettrisme

Déchiffrer des lettres Bruno Colombari

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S’il touche majoritairement les adultes, l’illettrisme affecte près d’un jeune sur dix dans notre région. La Ville de Gardanne a organisé le 30 novembre dernier une rencontre suivie par soixante-dix enseignants, animateurs des secteurs enfance et petite enfance et de responsables associatifs.

Dans une société plus médiatisée que jamais, où l’accès à l’information est un enjeu décisif, ne pas pouvoir lire et écrire est un handicap considérable. S’il touche essentiellement les adultes, l’illettrisme concerne tout de même 9% des 18-25 ans dans la région Paca, un chiffre supérieur à la moyenne nationale. « Les enseignants font régulièrement des évaluations diagnostic sur l’illettrisme, explique Dominique Baudoin, inspectrice pédagogique régionale. Mais l’école seule ne peut rien, elle a besoin des autres acteurs. »

C’est pour cela que la Ville avait organisé une rencontre sur le thème de la prévention et la lutte contre l’illettrisme, à la suite de celle de l’an dernier qui portait plutôt sur les adultes. Le 30 novembre à la Maison du Peuple, c’est du public en âge scolaire dont il était question. « La situation est préoccupante, constate Mustapha El Miri, adjoint au maire délégué à la culture. 11 % des enfants d’ouvriers accèdent à un niveau de troisième cycle universitaire, un des taux les plus bas d’Europe. L’accès à la lecture est décisif, c’est un problème économique et politique. »

A Gardanne, plusieurs expériences sont menées en direction des scolaires  : le prix des lycéens organisé avec le LEP de l’Étoile (voir énergies 286), l’opération Coup de Pouce, mise en place en 2001, permet de suivre toute l’année des élèves de cours préparatoire repérés par les enseignants.

« La motivation des parents, qui sont impliqués fortement dans la démarche, est indispensable, » souligne Mme Bouliol, enseignante à l’école Prévert. « Chaque club “Coup de Pouce” est accueilli à la Médiathèque une fois par mois, explique Agnès Couvret, chargée de “Ville Lecture” à la Médiathèque. C’est là où on voit les progrès que font les enfants. » Quinze enfants sont suivis chaque année dans trois écoles. A Notre-Dame, c’est une initiative d’un parent d’élève, François Le Gall, qui a débouché sur l’opération J’enchante mon quartier avec les écoles Triolet et Pitty. Ce musicien professionnel a eu l’idée de demander aux parents d’apporter des chansons issues de leur patrimoine familial afin de monter une chorale. « Trois mois plus tard, nous en avons collecté 90, en français, en arabe, en portugais, en corse, en espagnol, en chtimi, en serbo- croate... » explique-t-il. Un projet fort et original sur lequel nous reviendrons en détails.

L’après-midi a été consacrée à cinq ateliers thématiques d’où sont sorties plusieurs propositions : trouver de nouveaux lieux pour rencontrer les parents et les tout-petits avec des livres (parcs, bas d’immeubles...), créer des rituels de passage entre la maternelle et le primaire et à l’entrée au collège, créer un forum collège-lycée sur la ville...

« Aujourd’hui, nous n’avons pas parlé d’échec scolaire, constate l’animateur de la journée, Eric Nédélec. La réussite est possible, à condition de prendre la personne dans sa globalité, d’accumuler les compétences individuelles pour construire une compétence collective. »