Transport

De la prise de conscience... aux actes Claude Durand

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Environnement, sécurité, coût... tout pousse à recourir aux transports en commun. Très en retard sur cette question, notre département veut rattraper les choses. Des objectifs, des moyens, la prise de conscience est évidente, elle ne se traduit pas si facilement dans les faits pour les usagers.

Il y a trente ans lorsqu’un homme politique déclarait qu’il fallait en finir avec le tout voiture pour repenser une politique des transports en commun audacieuse, on le regardait comme un hurluberlu. Lorsqu’il y a plus de 15 ans Roger Meï créait l’association RTR 13 pour faire ressortir le dossier de modernisation de la voie ferrée Aix-Marseille via Gardanne, on lui rétorquait que le train c’était fini, qu’il fallait au contraire augmenter le nombre d’autoroutes et de voies rapides, ce qui fut fait, avec les conséquences que l’on connait.
Petit à petit pourtant chacun a du se rendre à l’évidence nos villes étaient en train d’étouffer. Entre temps le TGV renouvelait profondément l’image du rail, mettant Paris à trois heures de Marseille, tandis qu’Aix restait à... 45 minutes !
Les faits étant têtus, il a fallu envisager d’autres solutions qu’un flux continu de voitures particulières. Parcs de rabattement, services de bus, tramway... les alternatives sont nombreuses et bienvenues. Elles buttent néanmoins sur un désengagement financier de l’État qui après n’avoir pas fait grand chose en la matière se décharge sur les collectivités locales.

Une vraie politique régionale des transports
Dès son élection au Conseil régional le président Vauzelle a affirmé sa volonté, en tant qu’autorité organisatrice des transports (AOT) pour le ferroviaire, de redonner sa place au rail. Parmi les nombreux projets d’amélioration des dessertes pour lesquelles le Conseil régional s’est engagé, la ligne Aix-Marseille figure en bonne place. Prévus au contrat de Plan État Région, chacun pensait les choses réglées, ce n’était plus qu’une affaire de délai. Sauf que... L’État, au mépris de sa parole, n’est plus disposé à contribuer à la hauteur prévue. Les travaux sont retardés à nouveau tandis que leur coût estimé ne cesse de croître. Il est pourtant évident pour tous que cette ligne qui n’a pratiquement pas été modernisée depuis un siècle, doit être adaptée aux nouveaux besoins. La SNCF scindée en deux, il revient désormais à RFF (Réseau Ferré de France) de réaliser les travaux nécessaires. Les villes sont appelées à cofinancer l’équipement. Le 16 octobre le chantier a été enfin lancé par RFF. Reste que le projet s’il apportera d’indéniables améliorations ne correspondra pas pleinement à ce que devrait être un service de transport moderne et performant, en terme de fréquence comme de durée. Par ailleurs, à plusieurs reprises, Roger Meï a fait part de sa désapprobation sur la fermeture complète de la ligne pendant le chantier.

Des coopérations indispensables
Quand on le compare à d’autres, notre département accuse en matière de transport en commun un retard considérable, sans parler de la région parisienne, la métropole lyonnaise ou lilloise sont bien mieux dotées que l’aire métropolitaine marseillaise. Ce manque d’infrastructures pénalisant pour les habitants est un frein objectif au développement économique de ce secteur. Les assises départementales des transports qui se sont tenues au Conseil général le15 septembre dernier, ont fait le point de la situation et tracé de nouvelles perspectives. Le département a notamment à sa charge le transport des élèves mais également l’ensemble des lignes Cartreize. Les lignes d’autobus ont progressé ces dernières années de 4% l’an pour atteindre 7,5 millions de passagers en 2006. Lors des assises, le président du Conseil général, Jean- Noël Guérini, a annoncé des mesures concrètes en matière de tarification (le voyage à un euro le week-end pour les moins de 26 ans par exemple) mais aussi des augmentations de fréquence sur certaines lignes, notamment de Vitrolles et d’Aubagne. Sur notre secteur, les choses sont plus compliquées, la Communauté du Pays d’Aix (CPA) ayant décidé de doubler en partie les lignes du département, celui-ci s’est vu contraint de réduire les fréquences et les dessertes, entraînant du même coup un moins bon service rendu à la population. Ainsi en est-il pour Cabriès, mais également sur notre commune pour le lycée agricole.

Car nous touchons là à l’absurde du système : on a une superposition d’autorités organisatrices des transports, le syndicat intercommunal pour de qui concerne Gardanne (SITBM), la communauté d’agglomération d’Aix, le Conseil général qui conduit à de vraies aberrations. Ainsi en est-il des bus qui passent, mais qui ne peuvent s’arrêter en certains endroits parce que sur le territoire d’une autre AOT. La ville de Gardanne travaille en pleine adéquation avec le département (elle assure par exemple le transport des élèves dont la compétence revient au Conseil général) et est disponible pour bâtir avec toutes les communes voisines un schéma de développement dont l’ambition soit la réponse aux besoins des populations. C’est pourquoi elle s’inscrit dans la démarche initiée par le Conseil général de création de nouvelles coopérations sur les pôles d’échanges, la billettique, la tarification et l’information aux usagers.

La nécessaire modernisation de la ligne ferroviaire

Longtemps attendus, les travaux de modernisation de la ligne ferroviaire ont enfin commencé le lundi 16 octobre par un premier “coup de pioche” donné symboliquement, au passage à niveau 126, situé sur la commune de Bouc- Bel-Air. Des travaux qui vont permettre le doublement partiel de 12 km de voie, la suppression de cinq passages à niveaux dangereux, la mise en place d’une signalisation automatique, l’aménagement de gares existantes (dont celle de Gardanne) et la création de trois nouvelles haltes. Le coût total de l’opération est évalué à 160 millions d’euros, réparti entre l’État (31,65 %), la Région (31,65 %), le Département (31,65 %) et Rff (5,05 %). Les communes, elles, participent au financement de modernisation des gares (524000 € pour Gardanne). Ces travaux vont durer deux ans, avec une mise en service prévue pour la fin 2008. Ils vont nécessiter la fermeture de la ligne ferroviaire à partir du 11 décembre. Des navettes sous forme de bus seront alors mises en place pour les voyageurs. Les billets seront en vente dans les gares et les abonnements, les combinés “train-bus-métro” resteront valables. La nécessaire modernisation de la ligne ferroviaire