Arts & Festins du monde 2004

D'un continent à l'autre, en passant par Gardanne... Carole Nerini et Bruno Colombari

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Arts et Festins du monde version 2004 a connu un beau succès. Du vendredi soir au samedi soir, artisans, restaurateurs, danseurs, musiciens, conteur ont animé le centre-ville. Côté nouveautés, on notera les défilés costumés des 13 et 15 mai avec les enfants organisés en collaboration avec la Compagnie "Bami Village" ainsi que des cours de cuisine marocaine.

Arts et festins du Monde 2004, cinquième ! On l’attendait, les organisateurs étaient mobilisés depuis plusieurs mois, et le jour J, tout le monde est présent pour veiller au bon déroulement de la manifestation, pour gérer l’imprévu. Cette année, la participation et l’investissement de plusieurs services municipaux ont permis une meilleure organisation. Une soixantaine d’artisans, une vingtaine de restaurateurs, une dizaine de groupes programmés et plusieurs milliers de visiteurs... tout cela nécessite des moyens inhabituels.

Vendredi 14 mai, 20h
Enfin, les chaises arrivent. Alors que des centaines de personnes attendent autour des tables pour déguster leurs plats italiens, russes, marocains ou brésiliens, le loueur de matériel, pas vraiment ponctuel, amène six cents chaises en plastique et vingt tables. Ouverte depuis une heure, la cinquième édition d’Arts et Festins du Monde peut commencer dans la douceur du soir. A l’affluence de cette première soirée, on mesure l’attente de la population pour ce premier moment festif printanier. Dans les stands artisanaux, on découvre des produits du commerce équitable, des masques vénitiens, des hamacs multicolores, des chemises en coton, des bijoux en ambre, des pantalons chinois ou différents objets en écorce de bouleau, une spécialité sibérienne. « L’écorce de bouleau est un produit utilisé depuis l’Antiquité par les peuples de la Sibérie, explique Bibinour Soultanova. Ils l’utilisaient pour fabriquer des chaussures, des vêtements, des chapeaux. Aujourd’hui, cette écorce est encore exploitée pour fabriquer divers objets de décoration. »

Côté restaurants, alignés sous des marabouts blancs, on a le choix entre les zakouskis russes, la pakelava arménienne, le poulet au coco malgache, les antipasti italiens, les salgadinhos brésiliens ou les papa a la huancaina péruviens. Les amateurs d’originalité penchent plutôt pour la daube de taureau ou la brochette d’autruche. Dans un autre genre, les musiciens de Taraf Goulamas et leur fanfare tzigane inventent sur le cours la recette culinaire mélomane, puisque c’est en musique qu’ils font cuire plusieurs douzaines d’escargots bien dodus, ail et tomates fraîches à l’appui. Avec eux, la notion d’arts et festins prend tout son sens. A les voir faire, ça semble si facile ! Ceux qui n’ont pas encore mangé profitent ainsi d’une dégustation tardive (22h15) de gastéropodes. Pendant ce temps, sur la scène devant la mairie, les Boukakes chauffaient le public. Une seconde nature pour ces sept Montpelliérains explosifs, habiles à métisser les musiques, du raï au rock en passant par le groove. Les tables se vident lentement, la soirée est douce. On remet ça demain. Arts et Festins est revenu.

Samedi 15 mai
Dès 9h, les artisans sont installés. Le temps est au beau fixe, le public commence à investir le Cours pour assister à la grande parade des écoles avec Bami Village (lire encadré). Dans l’espace restauration, on refait chauffer les fourneaux, vivement midi ! Sous la tente berbère, une association marocaine propose des cours de cuisine. Dans un décor des plus typiques, une dizaine d’hommes et de femmes tentent d’en savoir un peu plus sur ces saveurs que l’on n’arrive jamais à retrouver. Après un cours pratique sur la préparation du couscous et d’un tajine de poulet, les apprentis cuisiniers se renseignent sur les citrons confits et les desserts. « Les gens posent beaucoup de questions sur les épices, sur les produits que l’on trouve ici, ils nous demandent également des conseils techniques explique Souad. On travaille au maximum avec des produits bio. Là, on leur explique tout, de la cuisson des aliments au service, des entrées aux desserts, on répond en fonction des demandes. » Allez, maintenant, on met le tout en pratique à la maison !

L’heure du repas approche, les quelques six cents chaises installées se réservent et c’est reparti pour un tour du monde des saveurs au son de la musique méditerranéenne d’Azar. L’après-midi, les animations se succèdent. Jorus Mabiala, conteur congolais a attiré la foule sous la tente berbère. Enfants et adultes, bouche bée, yeux grands ouverts écoutent attentivement ces histoires venues d’ailleurs. Pendant ce temps, sur la scène, le groupe Rassegna termine les derniers réglages avant le concert qui brasse du flamenco, de la musique sarde, grecque, corse, occitanes. Vers 18h, le ciel se charge d’épais nuages noirs. Arts et festins aura eu droit à sa petite averse. Mais la fête continue. Gnawa, ses danses, ses musiques traditionnelles du Maroc défilent sur le Cours. Petit à petit, les stands de restauration se remplissent. Cette fois-ci, c’est Lumbalù, un groupe colombien qui a rythmé le repas. Vers 22h, les majorettes Les Fanettes et Les cavaliers d’Épona ont escorté la parade de Bami Village. Commence alors, tout doucement un spectacle qui amène le public à se poser un tas de questions. « Une forêt qui meurt, un banquet, des serveurs, des déchets, puis des gens en haillons qui tentent de récupérer le moindre morceau de pain tombé, explique Bami. Ce spectacle mêle plusieurs notions qui nous tiennent à cœur, la différence, l’environnement traités à travers le thème du festin. » Et tout à la fois sont présents les jongleries, les percussions et les étincelles. Le service jeunesse est à nouveau là avec un cyclope, une grosse tête fabriquée par plusieurs jeunes de la ville. Puis Bami et la troupe rejoignent la scène pour un grand concert qui clôture cette édition d’Arts et festins, en beauté, dans un esprit d’échange, aux rythmes de l’Afrique.

Crèches, écoles et associations en parade

Pendant plusieurs mois, à l’initiative du secteur culturel de la ville, Bami Village a travaillé avec les enfants, les professionnels de la petite enfance et des écoles afin de mettre en place un carnaval sur le thème du festin. C’est ainsi que le 13 mai, plus de 150 enfants des crèches et halte-garderies se sont retrouvés au stade Savine pour un défilé haut en couleurs : bananes, fraises, ananas, citrons, raisins, pommes ont constitué une grande salade de fruits, avant de prendre le goûter préparé par le service restauration avec les retraités du foyer Nostre Oustau. Le samedi matin, ce sont les primaires qui ont déambulé sur le Cours, munis de cuillères et de casseroles, déguisés en serveurs ou en légumes. Tout ce petit monde s’est ensuite retrouvé sur le podium pour une interprétation commune de diverses chansons et accompagné par des élèves de l’école de musique. Un grand moment où les enfants comme le personnel ont été de vrais acteurs au sein de la manifestation. Sur ce point, Mustapha El Miri adjoint à la culture a tenu à souligner « la réussite du projet de rendre Arts et Festins plus populaire encore. Grâce notamment à cette parade des peuples, le service culturel a été le moteur de cette transversalité qui a permis à des associations, des écoles, de nombreux services municipaux (petite enfance, enfance, jeunesse, restauration, culture, vie associative, Médiathèque, ateliers) de se retrouver dans cette initiative commune. Nous allons poursuivre dans ce sens. »