Mémoire

Collège du Pesquier, des résistants témoignent Energies 370 - Stéphane Conty

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Le 26 janvier dernier, des membres de l’association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de La Résistance (ANACR) étaient invités au collège du Pesquier pour parler de la Résistance au cours de la Seconde guerre mondiale aux élèves de 3e.

En amont de cette initiative du 26 janvier, un travail préparatoire a été mené en classe lors des cours d’histoire où les élèves ont étudié les questions ayant trait à la seconde guerre mondiale, à la collaboration et à la Résistance, notamment à Marseille et dans sa région. Ils ont donc abordé cette rencontre avec des connaissances suffisantes pour replacer les témoignages dans leur contexte historique, contexte qu’a rappelé d’emblée Jean-Paul Chiny, président du comité de Marseille de l’ANACR.

Les témoignages de Simone Moulet-Chiny, adolescente à l’époque et fille de Jules Moulet, l’un des chefs de la résistance marseillaise, et d’Auguste Fossati, aujourd’hui âgé de 88 ans, ayant intégré la résistance en 1942 ont ensuite permis l’échange avec les élèves. « Mon père a été mobilisé en 1939 dans l’armée de l’air à la base aérienne de Salon jusqu’en juillet 1940. Il a rencontré Henri Frenay qui a fondé le mouvement “Combat,” explique Simone Moulet-Chiny. Il s’y est engagé et a recruté des résistants. Il était entrepreneur de travaux publics et de par son métier et se déplaçait beaucoup, notamment vers Fos et Martigues où il y avait des entreprises qui produisaient pour les Allemands et dans lesquelles il recrutait des résistants pour organiser des sabotages qui ralentissaient la production. Avec d’autres il a aussi fait des relevés sur les fortifications allemandes sur le littoral pour préparer un débarquement »

Jules Moulet sera arrêté, torturé et fusillé par les nazis le 18 juillet 1944 à Signes dans le Var, avec 37 de ses compagnons, chefs des mouvements de résistance locaux, dénoncés pour de l’argent. « Après l’arrestation de mon père on est venu dire à ma mère que nous devions nous cacher car nous étions menacées, mon père refusant de parler aux nazis. C’est comme ça que j’ai été cachée chez une voisine,  » explique avec beaucoup d’émotion Simone Moulet-Chiny.

Auguste Fossati est quant à lui né à Marseille en 1924. « En 1940 les gens pensaient surtout à trouver de quoi se nourrir. La résistance, c’était compliqué. En 1942 j’écoutais la radio de Londres qui appelait à aller manifester devant les monuments aux morts pour le 14 juillet. Je suis allé à une manifestation près des réformés, dirigée par des étudiants avec un drapeau tricolore puis nous sommes allés devant les bureaux du PPF, parti politique fasciste français où nous avons été reçus à coups de matraques. Par la suite un ami m’a proposé d’entrer dans la résistance et présenté son responsable. Le 19 août 1944 notre groupe a investi la préfecture. J’ai ensuite rejoint le groupe de Raymond Aubrac.  » (lire énergies n° 298, NdlR).

Après des échanges avec les élèves qui ont posé de nombreuses questions, une dizaine d’entre-eux vont lire des lettres écrites par des résistants arrêtés et condamnés à mort, ainsi que des poèmes. Une rencontre pleine d’émotion avec les derniers témoins de cette période, pour ne pas oublier.