Santé

Centre de santé : le gouvernement interpellé Energies 377 - Bruno Colombari

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Alors que le Tribunal de grande instance devait se prononcer le 12 juin sur le plan de redressement présenté par le Grand conseil de la mutualité, quatre maires du département ont sollicité la Ministre de la santé.

Le 29 mai dernier, Roger Meï a accueilli à l’Hôtel de Ville Patricia Fernandez-Pédinielli, Maire de Port-de-Bouc, Jean-Marc Charrier, Maire de Port Saint-Louis du Rhône et Antonin Brest, Adjoint au maire de Martigues. L’objet ? Tenter une démarche commune auprès de la Ministre de la santé Marisol Touraine afin que le nouveau gouvernement intervienne en débloquant des fonds en urgence pour venir en aide aux onze centres de santé du département, dont celui de Gardanne et des trois autres communes citées. Puis, « dans un second temps, travailler à une solution durable qui pourrait passer par une loi votée à l’Assemblée nationale à la rentrée, » ajoute Yveline Primo, Première adjointe au maire de Gardanne.

En attendant, il y a vraiment urgence : le Tribunal de grande instance de Marseille, qui avait prolongé de six mois le redressement judiciaire du Grand conseil de la mutualité (gestionnaire des centres de santé des Bouches-du-Rhône et de la clinique de Bonneveine), devait se prononcer sur le dossier le 12 juin. Avec toutes les conséquences possibles, y compris la liquidation.

« Le plan de redressement présenté par la direction du Grand conseil ne règlera pas les problèmes de l’entreprise, qui sont structurels, explique Catherine Roncin, directrice du centre de santé François- Billoux à Gardanne. Notre modèle économique est viable, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) l’a reconnu, en notant que chez nous la consommation médicale est six fois moindre qu’ailleurs. Mais le tiers payant nous coûte cher, quatre euros par patient. François Hollande veut généraliser le tiers payant. C’est une question cruciale qu’il va falloir résoudre rapidement. »

Pour Patricia Fernandez-Piédinelli, « la loi Bachelot nous a mis dans une situation très difficile, alors que les centres de santé répondent aux besoins des usagers quel que soit leur statut social : pas de dépassement d’honoraire, un dossier médical unique, une coopération entre les médecins. La question qu’il faut se poser, c’est quelle médecine pour quels territoire ? » Jean-Marc Charrier constate que dans sa ville, « 83% de la population fréquente le centre de santé. A Port Saint-Louis, on est à 40 km du premier hôpital. Si le centre de santé ferme, la population va s’en aller. L’Assemblée nationale doit avoir le courage de s’attaquer à ces logiques. »

Nathalie Lefebvre, vice-présidente du Conseil régional Paca remarque en effet que « dans le projet régional de l’ARS, une seule phrase évoque les centres de santé mais n’apporte pas de réponse concrète à leur financement. Pourtant, il faut non seulement les sauvegarder mais aussi les développer. »

Le lendemain, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault en déplacement à Marseille a rencontré les représentants du personnel et s’est dit favorable à l’organisation d’une table-ronde, alors que Marisol Touraine a demandé à l’ARS de recevoir rapidement les syndicats.

Nous reviendrons dans un prochain numéro sur la décision du TGI et la position du gouvernement sur cette question.