Economie

Centrale thermique : la biomasse en route Energies 388 - Jeremy Noé

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Après des mois d’attente, l’ultime verrou administratif a sauté : la centrale thermique va pouvoir exploiter la biomasse, ou combustible bois. La municipalité salue la pérennisation du site, mais se range aux côtés des salariés qui restent vigilants.

Le 22 novembre dernier, en tendant l’oreille, vous avez peut-être pu entendre la centrale thermique de Gardanne pousser un soupir de soulagement. Au terme d’un long parcours administratif, le Coderst (Conseil de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques) validait le projet biomasse, soit l’utilisation de bois pour faire tourner les chaudières. Compte tenu que le contexte législatif et environnemental rendra bientôt l’exploitation d’une des deux “tranches” (unité de production) charbon de la centrale très compliquée, cette reconversion est donc essentielle pour l’avenir de la centrale et ses 182 emplois directs.

Après avoir été remercié de son implication dans ce dossier par le directeur France du groupe allemand E.on Luc Poyer, le maire Roger Meï saluait une belle victoire des salariés (lesquels, outre Gardanne, ont été soutenus par la région, le département, la ville de Meyreuil, la Communauté du Pays d’Aix) et une belle victoire pour l’emploi à Gardanne : « Ce projet est vital pour la ville et la région : il permettra de sauvegarder les emplois et de garantir la production électrique dans une région en déficit énergétique. Il s’appuie sur une énergie renouvelable, son bilan carbone sera bien meilleur qu’actuellement. Les choses devraient aller assez vite maintenant, même s’il y a encore quelques obstacles. Une filière bois est en train de se constituer dans le Sud-Est, c’est très important pour tout le monde. »

Et le maire, aux côtés du syndicat CGT de la centrale le 6 décembre dernier, d’en profiter pour annoncer : « Il est encore trop tôt pour les citer, mais sur la zone d’activité face à la centrale on va avoir un groupe qui va transférer de Belgique à ici environ 80 emplois, et un autre va bientôt venir créer une centaine d’emplois. »

Pour autant, entre la décision du Coderst (et l’aval par le Préfet) et l’annonce aux médias de la bonne nouvelle, le groupe E.on a attendu près de quinze jours. Le signe d’un dialogue tendu avec les salariés, qui ont débrayé quelques jours. Nicolas Casoni, délégué CGT, expliquait le 6 décembre : « Nous nous étions engagés à soutenir le projet biomasse, en contrepartie la direction avait consenti à maintenir au minimum l’effectif actuel sur le site, c’est à dire 182 personnes. Aujourd’hui elle annonce vouloir vingt à trente personnes en moins sur le site, propose une restructuration totale du travail, et veut imposer une “continuité d’exploitation” que nous assimilons à une remise en cause du droit de grève. »

Nadir Hadjali complète : « Sachant que l’État a fixé un tarif de rachat de l’électricité produite par la biomasse à auteur d’un milliard sur vingt ans [...] on ne peut pas attribuer une telle somme à une entreprise privée sans qu’elle accorde des contreparties. Nous demandons à ce qu’au minima l’emploi soit maintenu sur la centrale. On nous dit que vingt emplois sur le site pèsent sur la rentabilité du projet. Il faut déjà commencer par nous le prouver... »

A la mi-décembre, le dossier n’avait toujours pas avancé entre la direction d’E.on France et le syndicat.