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Cellule de veille pour collèges et lycées Energies 405 - Jeremy Noé

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Le Contrat local de sécurité et prévention de la délinquance (CLSPD) comporte en son sein une cellule de veille qui se réunit régulièrement pour étudier les cas concrets. Un lieu de débats, de mise en réseau, mais aussi de décisions. A l’ordre du jour en octobre : les établissements scolaires.

LE 23 OCTOBRE DERNIER, la cellule de veille éducative du CLSPD a réuni une quinzaine de personnes pour faire un point sur la question de la prévention dans les établissements scolaires de Gardanne. A l’initiative des élus municipaux et en présence des proviseurs, CPE, Principaux, Gendarmes, Policiers et directeurs de services municipaux, associations, Inspectrice de l’Éducation nationale, ils ont effectué un petit tour de table pour savoir dans quelles conditions les cours avaient repris et quels étaient les problèmes émergents. Tour de table qui aura duré... une heure et demie.

Réunissez des chefs d’établissement motivés et impliqués avec des professionnels qui le sont tout autant, et vous comprendrez qu’il est difficile de faire bref. Le proviseur du lycée de l’Étoile ouvre le bal, avec « Rien de particulier à noter... si ce n’est des fumeurs de chicha (tabac aromatisé fumé à l’aide d’un narguilé NdlR) qui consomment devant le lycée. C’est pénible, car la pratique est légale, mais ça incite les jeunes à fumer... » Christian Huc, chef de la Police municipale, intervient  : « J’envoie à chaque fois une patrouille immédiatement sur place pour les faire aller plus loin. Mais la légalité de la chose fait qu’on est en perpétuelle négociation. »

PRESQUE ANECDOTIQUE au premier abord, le sujet libère la parole et les témoignages affluent : « Les parents ne se sentent pas concernés, je crois qu’ils se sentent dépassés. » « Il y a beaucoup d’adultes qui fument, pour faire passer le discours, c’est difficile. Comment voulez-vous être crédible face à eux ? » « Moi je le vois, enfin dans notre vie personnelle on passe pour des espèces de ringards, des psychorigides sur la consommation de haschich, » ou encore « La justice ne suit pas. »

MÊME LES (FUTURS) INGÉNIEURS N’Y ÉCHAPPENT PAS. « Nos jeunes fument autant qu’ailleurs, explique un responsable de la maison des élèves du CMP Charpak. On le voit dans le monde professionnel, quand ils deviennent des cadres : on s’aperçoit qu’ils fument ou prennent des médicaments pour combattre le stress et la pression. » L’école des mines site Charpak travaille actuellement sur une interdiction totale de l’alcool dans l’établissement. D’autres addictions guettent : le téléphone portable, devenu le doudou de ces grands enfants. « On constate depuis l’an dernier que mes élèves préfèrent à la récréation se ruer sur leur smartphone que fumer...  »

Ou encore, plus grave, l’addiction aux jeux vidéo. Au lycée agricole de Valabre on explique : « Cette année nous avons un élève de Seconde addict à un jeu où il faut payer pour progresser. Il est allé jusqu’à voler la Carte bleue de sa belle-mère et de son père, et il a dépensé 12 000 euros. Il est en grosse détresse suite à un parcours difficile dans sa vie, mais voilà, aujourd’hui on est confronté à ce type de problème. Le but est qu’il puisse rester scolarisé, qu’il puisse reprendre confiance en lui parce qu’il s’est vraiment créé tout un monde virtuel. Depuis trois semaines il n’a plus accès à l’ordinateur, plus de téléphone portable, il travaille sur son addiction avec la psychologue de l’établissement. Et on va faire en sorte qu’il rencontre un psychologue spécialisé. »

LE CONSTAT EST AUSSI ALARMANT QU’ENTHOUSIASMANT. Alarmant, parce qu’en spectateur non initié, on a parfois l’impression que le monde des ados (eux mêmes victimes des errements des adultes) est un nid à noirceur. Enthousiasmant, car à écouter ces professionnels si impliqués ce jour-là, on sait qu’ils sont entre de bonnes mains. Et qu’on va tenter de leur trouver des solutions.

CAR, N’EN DOUTONS PAS, c’est bien de cela, qu’il s’agit, au sein du CLSPD : de la proximité, et du concret. La principale adjointe du collège Péri, raconte le cas de cette bagarre entre jeunes (un nez cassé) pour une dispute sur... Facebook. Illico, la coordinatrice de l’Espace Santé Jeunes, lui propose d’intensifier les interventions dans les classes : « Vous voulez qu’on intervienne à nouveau auprès des 3e ? On fait les 6 e pour les violences, les 5e pour le bon usage d’internet, les 4e pour les conduites addictives. Vous voulez qu’on fasse aussi internet pour les 3e, sur le second trimestre ? » La principale adjointe est partante. Le rendez-vous est pris.

Puis Christelle Cavaleri, responsable de la Maison du Droit, précise, en référence à deux réunions de sensibilisation aux addictions et aux dangers d’internet organisées récemment par la municipalité  : « On va faire un nouveau groupe de travail sur la prévention des addictions avec tous les acteurs locaux pour croiser ce qui se fait, et proposer des nouvelles actions sur le territoire en direction des scolaires et des non scolaires aussi. On a, cette année, essayé de sensibiliser les parents d’élèves, ça a moins marché. Donc on va essayer de trouver un autre format. Il y a l’idée de peutêtre associer les grands parents, plus proches... »

Pour Yveline Primo, Première adjointe, élue à la sécurité, « Avec les parents, on s’est heurté à un échec. On construit là dessus, et toutes les bonnes idées sont utiles à travailler. Après quelques réunions de ce groupe de travail, on mettra sur la table quelques propositions.  »

AUTRE POINT À L’ORDRE DU JOUR : la création et la diffusion d’un questionnaire au sein des collèges et lycées pour faire parler les ados, évaluer et décider des actions à apporter sur leur bien-être (ou mal-être), les risques qui les guettent... Si le contenu du questionnaire est à peu près acté par tous, la question de sa diffusion demande encore un peu de travail : certains demandent à l’adapter établissement par établissement, tranche d’âge par tranche d’âge.

Autant de petits détails qui seront ajustés avant une prochaine réunion, d’autres problèmes, et d’autres réponses. Prochaine réunion du CLSPD fin novembre, avec les bailleurs sociaux.