Biver

Biver se découvre d’une balade culturelle Energies 353 - Loïc Taniou

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La cité minière de Biver où résident plus de cinquante nationalités différentes est riche en histoires de solidarité, de drames et présente des aspects méconnus concernant son évolution. Une visite touristique a proposé d’en découvrir certains contours.

« Mettez vos pas dans dans ceux des mineurs de Provence et venez arpenter, le temps d’une balade, les traces secrètes et parfois moins secrètes du passé minier de Biver » telle était l’invitation faite par la compagnie Karnavires. Trente huit personnes se sont ainsi retrouvées samedi 19 mars en milieu d’après-midi de début de printemps ensoleillé, place Bossa, pour une visite proposée et animée par Karnavires et deux étudiants en BTS Tourisme Frédéric Goyet et Cécile Ribaud, avec la collaboration de l’Office de Tourisme.

La visite guidée, menée joyeusement et tambour battant sous forme d’une promenade culturelle a amené le public, composé de personnes âgées mais aussi de familles et d’enfants (dont une partie de Bivérois) à découvrir des aspects typiques de la cité. Après une brève étape devant la statue de la Sainte-Barbe, patronne protectrice des mineurs et des métiers du feu, la petite colonie a pris la direction du quartier bord de route en longeant les maisons de mineurs, avant de gagner le quartier Salonique. Un quartier qui doit son nom à la ville portuaire de Grèce où bon nombre d’Arméniens fuyant le génocide de 1935 embarquaient pour gagner Marseille et ensuite Biver pour y travailler.

« On les appelait les volcans ou encore fumerolles »

Un peu plus loin, après avoir cheminé le long du ruisseau Cauvet, le public a pu découvrir les terrils. « L’appellation terril vient de stérile, précise Frédéric Goyet. Dans le Nord, on les appelle aussi terrasses ou crassiers. Ce sont des déchets charbonneux qui ont été amenés ici et sont devenus au fil du temps des collines végétalisées. » Une description à laquelle quelques Biverois ont tenu à apporter des précisions : « La nuit, le charbon s’enflammait avec la fraîcheur. On les appelait les volcans ou encore fumerolles. Il y a toujours ce genre de lueurs à Mimet, de véritables feux follets. »

Puis le petit monde s’est rendu à la presqu’île, un petit lopin de terre ainsi nommé car entouré par le ruisseau du Cauvet qui se sépare en deux à cet endroit. Au fil de la balade, on découvre une cité cosmopolite où résident de nombreuses nationalités (tchèque, polonaise, italienne, espagnole, marocaine, algérienne...). La mine offrant du travail toute l’année, les populations étrangères arrivaient au fil des événements historiques comme le génocide arménien en Turquie en 1915, la guerre civile en Espagne 1936 ou encore en fuyant la pauvreté et la misère.

Le mémorial des mineurs avec une vue imprenable sur le puits Gérard

« Les mineurs français travaillaient à mi-temps à la mine, l’autre aux champs. Aussi, il y avait de grands besoins en main d’oeuvre. 265 logements ont ainsi été construits par Charbonnages de France pour abriter les nouveaux arrivants, détaille Cécile Ribaud. Des maisons qui possèdent la même forme rectangulaire avec souvent un petit jardin aménagé en potager, en clapiers. Bien souvent, il n’y avait pas de douches et il fallait aller chercher l’eau à la source ou à la fontaine. »

Après la traversée de la rue des Cyclamens, une petite halte a été observée devant l’église de Biver construite en 1925 (époque où la cité était un petit hameau qui comptait 1 000 âmes), avant de gagner le quartier du Ventilateur (qui servait à aérer les galeries). Là, se trouvent l’ancien puits Biver et le Mémorial des mineurs avec une vue imprenable sur le puits Gérard. « Le puits de Biver a été foré en 1893, détaillent Cécile et Frédéric. Et Biver tient son nom d’un ingénieur luxembourgeois, Ernest Biver, qui était directeur de Charbonnages de France et qui a participé au perçage du puits. »

Enfin, le public s’est retrouvé aux anciennes douches des mineurs du Puits Gérard pour une rencontre avec la compagnie Karnavires autour du projet Mémoire des migrations en pays Miniers. Quelques extraits de leur spectacle Carnet de migration ont été joués devant le public conquis. Une exposition de photographies de Gilbert Ceccaldi, une diffusion vidéo et sonore intitulée Do Mineur de Julien Lemonnier et de Frédéric de Benedetti, et un point d’écoute des témoignages recueillis par Julie Moriera- Miguel (sociologue) étaient également à découvrir avant l’apparition d’une fanfare jubilatoire.

Le principe d’une telle visite devrait se poursuivre avec l’Office de Tourisme et peut-être connaître des résonances avec Marseille- Provence 2013.