Coopération internationale

Au Laos, des bâtisseurs du livre Bruno Colombari

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Une association de Laotiens de Gardanne et la Médiathèque ont participé en décembre à la construction d’une bibliothèque publique au Laos. Un modèle de coopération qui intéresse vivement d’autres pays...

Combien de temps faut-il pour construire une bibliothèque ? En France, une année. Au Laos, dix jours. Dix jours pour monter quatre murs, poser un toit, carreler le sol, mettre des fenêtres et ranger les livres dans les étagères. Coût de l’opération : 2 500 euros. C’est ce que les bénévoles du Cobiac et les villageois de Ban Namone ont fait en décembre dernier, avec une efficacité et une convivialité que l’on a du mal à imaginer ici. Le Cobiac, c’est un collectif de bibliothécaires et d’intervenants en action culturelle, fondé dans les années 70. Il y a cinq ans, ce collectif a créé la Banque régionale du livre, avec un objectif fort de coopération internationale : « on ne s’inscrit pas dans la francophonie, précise Marie-Hélène Bastianelli, directrice de la Médiathèque de Gardanne et fondatrice du Cobiac. Notre volonté, c’est de contribuer au développement de la lecture publique dans les pays qui expriment des besoins. Nous sommes intervenus en Algérie, au Liban, au Rwanda, en Palestine, au Congo et au Laos. A chaque fois, en s’appuyant sur des associations liées à ces pays et installées dans notre région. Elles connaissent bien le terrain et nous aident à franchir la barrière de la langue. »

Dans le cas du Laos, c’est l’association Dec Noi Lao, située au quartier Notre-Dame, qui a servi de relais. « On a fait une première mission en 2002. Le Laos, c’est un pays de l’oralité, il n’y a pas de tradition d’édition. Il y a un manque de livres illustrés pour les enfants et de manuels pratiques. » Le Cobiac est donc intervenu dans deux domaines : en envoyant des livres en français contenant peu de texte (traduit en lao directement sur les pages) et en achetant des livres bilingues édités en France, et en formant des Laotiens à la reliure, à la recherche documentaire et aux nouvelles technologies. « Ce qu’on a vu là-bas, c’est unique au monde : tout un village se mobilise et construit en dix jours un bâtiment de 40 m2 , avec une aide financière recueillie à l’étranger. »
La Ville de Gardanne a ainsi contribué à la bibliothèque de Ban Namone, un village choisi par Dec Noi Lao car il se situait dans une région dévastée par les bombardements américains lors de la guerre du Vietnam. La Bibliothèque nationale du Laos s’est de son côté engagée à former dix personnes dans le village, dont la moitié de femmes. Comme le précise Marie-Hélène, « cette expérience, qui intéresse beaucoup d’autres pays comme l’Algérie, nous apprend aussi des choses sur l’animation, la façon d’aller à la rencontre du public, de développer des projets de lecture. »

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De Gardanne à Beyrouth

Après 19 ans passés à Gardanne, Marie-Hélène Bastianelli va partir en avril pour le Liban, où elle finira sa carrière de bibliothécaire. Une mission initiée par les ministères des affaires étrangères et de la culture, visant à aider la création de dix bibliothèques hors Beyrouth et la traduction de livres pour les enfants en arabe. « Quand je suis venue de Martigues en 1986 pour remplacer Jean Tabet, le maire nous avait confié deux objectifs : préparer le projet de médiathèque et favoriser l’accès du livre au public en difficulté. Depuis, une troisième question s’est ajoutée : le rôle des bibliothèques dans le développement des nouvelles technologies. » Aimant ce métier qu’elle exerce avec passion (« c’est une remise en cause permanente, on n’est jamais seul, toujours dans l’échange »), elle constate qu’à Gardanne, « on a les moyens de travailler. C’est une grande chance. » Bonne route à Marie-Hélène.