Mémoire

Apprendre des luttes des anciens Energies 347 - Loïc Taniou

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Les 2es rencontres nationales des luttes de l’immigration se sont déroulées dans la région les 26 et 27 novembre. Grâce à l’association “Contacts”, Gardanne a accueilli à la Maison du Peuple une grande table-ronde aux problématiques particulièrement intéressantes.

Après bien des débats polémiques et explosifs sur l’identité nationale, sur le port de la burka, sur les massacres de Sétif en Algérie décrits dans le film Hors-la-loi et perpétrés le lendemain de la Libération de mai 1945 ou encore sur la loi adoptée en catimini en février 2008 à l’Assemblée et vite abrogée sur les bienfaits de la colonisation, il était important pour l’association locale Contacts et les organisateurs des 2 es rencontres nationales des luttes de l’immigration de faire le point loin de toute animosité. Trois grands thèmes ont été abordés : l’immigration post-coloniale, les parcours de luttes de l’immigration et enfin l’immigration dans les luttes syndicales.

« Les témoignages ont été très forts et plein d’émotions, souligne Mustapha Mohammadi, un des responsables de Contacts. Beaucoup nous ont parlé de leur parcours, de leur implication dans la vie de la cité, des concertations sur l’amélioration du cadre de vie à la mise en place d’aides scolaires. La participation des immigrés dans les luttes syndicales, les luttes contre le racisme, les luttes pour obtenir plus d’égalité ont constitué de vrais tempsforts.  »

A travers les témoignages, les diaporamas d’images en noir et blanc, le grand public a pu retrouver une certaine mémoire parfois un peu effacée, celle des années 70/80 avec ses luttes contre les lois Marcellin tentant de promouvoir un système de ségrégation, des mobilisations contre des actes racistes de grande violence, des grèves de la faim à La Ciotat, à Aix-en-Provence, à Fos-sur-Mer jusqu’à la marche pour l’égalité partie de Marseille, de la cité des Caillols, un 15 octobre 1983...

« C’était ce qu’on a appelé les mouvements autonomes où la prise de conscience politique chez les immigrés était très forte, poursuit Mustapha. Beaucoup se sont battus pour ne pas être en-dehors de la société et faire reconnaître leurs droits, en s’impliquant dans le monde ouvrier et syndical. A la fin des années 70, la marche pour l’égalité entre autres a fait émerger sur la scène nationale une jeunesse issue de l’immigration que l’on n’avait pas vue jusque là. Il y a eu aussi le mouvement des “Sonacotra” pour une dignité dans le logement. Puis les luttes sont devenues très sporadiques jusqu’à arriver à la politique actuelle de stigmatisation par le gouvernement en place. »

De nombreuses personnalités comme le maire Roger Meï, le conseiller général Claude Jorda, la sénatrice Alima Boumédiène, le sociologue Saïd Bouamama ainsi qu’un large public ont assisté aux débats. Deux grandes perspectives ont été dégagées : l’une plutôt locale qui est la poursuite par Contacts d’un travail de sensibilisation et d’accompagnement des personnes âgées issues de l’immigration (les chibanis) pour faire valoir leurs droits, l’autre d’ampleur plus nationale de vigilance à toute manoeuvre à caractère xénophobe et de poursuite du travail pour l’accès aux droits politiques des personnes immigrées.