Vous les avez sûrement remarquées. Depuis une dizaine d’années, les antennes relais fleurissent sur les toits ou sur des pylones, le plus souvent sur des points hauts, autour de 20 mètres du sol. A Gardanne, il y en a actuellement 19, répartis sur 10 sites (visibles sur le site www.cartoradio.fr en tapant le code postal de Gardanne, 13120).
Pour assurer la couverture du réseau national, il a fallu installer de plus en plus d’antennes relais, au fur et à mesure du prodigieux développement de la téléphonie mobile et du très juteux marché qui va avec : 1,3 million d’utilisateurs en 1995, 56,4 millions en 2008. Une véritable manne que se disputent les trois opérateurs français, SFR, Orange et Bouygues.
Leur mission à ces antennes, c’est de relayer les micro-ondes utilisés par les réseaux de téléphonie mobile, dans les fréquences allant de 900 MégaHertz (GSM) à 2,2 Giga- Hertz (UMTS). Cette catégorie de fréquence est proche de celles de la Wi-Fi, des téléphones sans fil ou des fours à micro-ondes. Ces ondes sont-elles dangereuses pour la santé ? Régulièrement, au fil de l’annonce d’études contradictoires, la polémique revient.
La nouveauté, c’est que de plus en plus de municipalités freinent l’implantation de nouvelles antennes, voire les interdisent. Ce qui déplaît aux opérateurs, pour qui, bien entendu, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes mobiles et dont les études se veulent rassurantes.
Quand ces derniers décident d’implanter une station de relais (qui comporte plusieurs antennes), ils doivent déposer auprès de la commune une déclaration préalable de travaux, procédure moins contraignante qu’un permis de construire. Le maire peut s’y opposer si c’est contraire au Code de l’urbanisme. Dans ce cas, l’opérateur peut se tourner vers le tribunal administratif. Ce dernier peut également être saisi d’une plainte par une association de riverains ou de protection de l’environnement, avec toutefois peu de chances d’aboutir.
Quand les affaires vont jusqu’à la justice, les choses sont différentes : contrairement aux tribunaux administratifs, le tribunal de grande instance de Nanterre a appliqué en septembre dernier le principe de précaution et a obligé la société Bouygues Telecom à démonter une antenne relais. Cette décision a été confirmée par la cour d’appel de Versailles le 4 février dernier, ce qui devrait encourager les associations qui militent pour un durcissement des conditions d’installation des antennes dans les zones habitées.
Qu’en est-il précisément du risque ? Le problème est là. Aucune étude n’est formelle, ni dans un sens, ni dans l’autre. Depuis plusieurs années, le centre international de recherche sur le cancer mène une étude, Interphone, dont l’objectif est de déterminer s’il existe une relation entre l’usage du téléphone mobile et les tumeurs de la tête. Plusieurs fois annoncé, son rapport final est régulièrement retardé.
En attendant, des associations comme Robins des toits ou Agir pour l’environnement collectent de leur côté des études indépendantes et font pression sur le gouvernement pour faire appliquer le principe de précaution, aussi bien dans l’usage du téléphone portable (voir encadré) que dans l’abaissement des seuils d’exposition au champ électromagnétique des antennes relais.
Ces seuils, en France, sont plutôt élevés : entre 41 et 58 Volts par mètre (V/m). Les associations demandent qu’ils soient abaissés à 0,6 V/m, comme le préconise le Parlement européen.
Plusieurs villes en France, en Autriche, en Espagne et en Italie ont pris des mesures en ce sens. A Brest et à Marseille, des capteurs automatiques ont été installés. A Gardanne, les implantations de nouvelles antennes ont été bloquées.