Environnement

Alteo parie sur le vert Energies 419 - Jeremy Noé

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Sommée de stopper le rejet des “boues rouges” en mer en 2015, l’usine Alteo de Gardanne vient de s’équiper d’un deuxième filtre presse pour traiter 100% de ses résidus de bauxite, la bauxaline. Pour peu que cette bauxaline arrive à s’imposer économiquement, l’usine s’offrira une grosse marge de développement supplémentaire - tout en soignant son empreinte écologique.

LE SITE D’ALTEO (EX-PECHINEY) À GARDANNE FÊTE CETTE ANNÉE SES 120 ANS ET DOIT DÉSORMAIS SE PLIER À DES EXIGENCES ENVIRONNEMENTALES DE PLUS EN PLUS PRESSANTES. Au 1er janvier 2016, elle devra cesser tout rejet de boue rouge en mer (les résidus de bauxite, appelés bauxaline). Une contrainte que l’usine a embrassée avec une longueur d’avance en inaugurant le mois dernier son 2e filtre presse sur le site de Mange- Garri, à un jet de pierre de l’usine, le premier ayant été inauguré en 2007. Transformée en “gâteaux” solides à la sortie de ces filtre-presses, la bauxaline peut servir à dépolluer les sols ou de matériau secondaire pour la construction.

Si Alteo se donne jusqu’à 2024 pour trouver et valider économiquement les circuits de revalorisation, le site de Gardanne est selon l’entreprise désormais techniquement en capacité de revaloriser 100 % des résidus de boues rouges. « Alteo a engagé 29 millions d’euros avec la participation de l’agence Eau Rhône Méditerranée Corse. Ce filtre-presse représente un investissement significatif de 15 millions d’euros, et un troisième sera construit en 2015 pour 12 millions d’euros supplémentaires, ce qui fera de nous l’une des seules usines au monde à revaloriser 100 % de ses résidus, » explique Frédéric Ramé, président d’Alteo, qui, pour l’anecdote, explique aussi avoir dépensé 1,3 million d’euros en études administratives et imprimé 50000 pages de documents (!) sur le dossier boues rouges : « Je suis persuadé que le choc de simplification ne va pas tarder à arriver ! »

A SES CÔTÉS, LE MAIRE ROGER MEÏ A RAPPELÉ QUE « quand la population gardannaise voit fumer les cheminées des usines, elle est satisfaite, ça veut dire qu’il y a du travail. Mais aujourd’hui... la mine a fermé, et le charbon vient d’Amérique du Sud. Lfoundry [usine de micro-électronique à Rousset] a fermé, avec 600 emplois supprimés, et la technologie part en Allemagne... je voudrais rappeler à monsieur le Préfet, que dans le cadre de la reconversion du Bassin minier, des sommes importantes ont été données par l’État pour soutenir l’emploi. »

Pour Claude Jorda, conseiller général, « Ce sont, en comptant les sous-traitants, 700 personnes qui sont concernées par l’avenir du site de Gardanne. Si les conditions n’étaient pas remplies fin 2015, ce serait la clé sous la porte. Il faut continuer à travailler là-dessus. Les investissements consentis par Alteo laissent entrevoir un avenir pour l’usine. » le député écologiste François-Michel Lambert était quant à lui ravi : « Ce qui est important c’est regarder devant, regarder l’avenir. Vous ne faites pas seulement de l’alumine de haute qualité. Vous avez votre siège social à Gardanne –on ne le dit pas assez – et vous êtes l’un des adhérents de l’Institut de l’économie circulaire, vous oeuvrez à revaloriser systématiquement vos déchets pour en faire de la ressource, ce qui en retour va créer de l’emploi... Vous avez pris votre destin en main. »