Economie

Alcan exporte son savoir-faire Loïc Taniou

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L’usine d’Alcan se porte bien. 2006 a été une année avec d’excellents résultats en termes de production et d’investissements. Un autre volet économique se développe également autour de l’usine, celui de l’ingénierie et de la recherche de dimension internationale qui exporte partout dans le monde.

Le point fait récemment par la direction d’Alcan souligne que 2006 a été pour l’usine, anciennement Pechiney, une très bonne année. Cette entreprise de 450 salariés fabrique de l’alumine et de nombreux autres dérivés appelés alumines de spécialité. Ces derniers possèdent de nombreuses applications industrielles, ils servent par exemple à fabriquer des céramiques de bougies pour les voitures, des lessives, des écrans plasmas, des sols stratifiés...

« C’est une année de retour aux bénéfices pour Alcan Gardanne depuis dix ans, se félicite Dominique Delmas, directeur de l’usine, grâce au prix élevé de l’alumine au niveau mondial. Les produits dérivés sont également concernés. Notre politique de développement d’alumines de spécialité commence à porter ses fruits. La reprise d’activité d’une usine canadienne qui appartenait au groupe a été pour nous l’occasion de développer de nouveaux produits et d’explorer de nouveaux marchés, notamment en Asie et en Amérique du Nord. Nous avons également battu le record de production d’hydrate et avons affrété un bateau avec une dizaine de tonnes de chargement en Corée, c’est une première ! Concernant les alumines de spécialité, notre position est meilleure car nous sommes sur un marché porteur et c’est une activité qui connaît moins de problème que la production d’alumine traditionnelle. Si nos effectifs sont en baisse dans la production avec des départs à la retraite où les postes ne sont pas renouvelés, on embauche dans le commercial, la recherche et développement. »

Pour le directeur, la performance économique va de pair avec le développement de la sécurité. « 2006 a été la meilleure année concernant la sécurité, depuis que l’usine existe. On réduit les accidents d’année en année, et nous avons été félicités par Alcan pour un million d’heure sans accident avec arrêt.  »

Autre bonne nouvelle pour l’usine, les coûts de la logistique et des transports ont baissé grâce à « un service sans faille de la part de la SNCF qui nous a permis d’augmenter la part du transport ferroviaire par rapport au routier vers les usines d’électrolyse de St-Jean de Maurienne et de Lannemezan ainsi qu’un retour du fret maritime à des tarifs plus favorables pour l’entreprise. »

Cependant, ces derniers mois, de nombreux camions sont apparus sur les routes, engendrant des désagréments. Ces mouvements routiers ont été dû principalement à une instabilité politique en Guinée qui a obligé l’usine de Gardanne à piocher dans ses stocks situés au port de Fos sur Mer ou à Mangegarri et à recourir à des approvisionnements en provenance d’Inde et d’Australie. « Aujourd’hui, du côté de la Guinée, les mouvements insurrectionnels se sont calmés et on assiste à un retour à la normale, » précise Dominique Delmas.

Gardanne, siège européen

Un aspect plus méconnu de l’activité d’Alcan sur Gardanne concerne l’existence d’un département de recherche et d’ingénierie, situé en face de l’usine de production. Il s’agit d’Alceng, contraction d’Alcan Engineering. Une filiale autonome du groupe Alcan qui offre des services de conception, de fabrication d’usines ou d’ateliers qui font l’objet d’une demande croissante de la part des groupes miniers et d’industries de traitement de minerais. Alceng possèdent des sièges à Brisbane en Australie et à Gardanne. « Nous connaissons un rayonnement international, souligne Raymond Roumieu, chef de projet à Alcan Engineering Gardanne. A partir de Gardanne, on exporte notre savoir faire. On travaille beaucoup en Argentine, au Cameroun, en Inde, en Grèce, en Islande ou au Sultanat d’Oman. Les équipements et matériaux sont souvent fabriqués par les entreprises de la ville. On a régulièrement besoin de dessinateurs, de projeteurs que l’on recrute en local. »

Le chiffre d’affaires de ce département est de 20 millions d’euros par an et 55 ingénieurs et techniciens sont employés à plein temps. « Nous concevons donc des usines d’alumine ou d’extraction de minerais. Nos prestations vont du “design” à la construction ou encore à l’amélioration d’usines existantes. On fait les plans, les spécifications et les modes opératoires. » Alceng travaille beaucoup à l’étranger aussi bien pour le groupe Alcan (60 %) que pour des entreprises extérieures au groupe (40 %) et possède une présence dans les différents continents. 90 % de son activité est consacrée à l’exportation. Avec Alceng, Gardanne est ainsi le siège européen d’Alcan en matière d’ingénierie, de recherche, de développement et de commercialisation.

Des investissements pour l’environnement

Il reste toutefois que l’entreprise n’a pas encore résolu tous ses problèmes liés aux nuisances faites à l’environnement. Ainsi, à l’horizon de 2015, Alcan doit supprimer entièrement ses rejets de boues rouges dans la baie de Cassis acheminés par un pipeline de 47 kilomètres. Le groupe qui réfléchit à de nouvelles manières de stocker ses déchets vient d’investir récemment 9 millions d’euros en matière d’environnement avec la construction de “filtres presse”. Une installation qui va permettre de traiter les résidus de bauxite et d’envisager à nouveau un stockage à terre sur une surface faible.

Alcan travaille également sur des programmes de développement de valorisation des résidus et des outils permettant une diminution de l’empoussièrement. Des essais sont en cours. Il développe de nombreuses pistes de stockage comme celle du site de Mangegarri. Des efforts et des investissements qui semblent montrer que le groupe Alcan croit dans le site de Gardanne et en son potentiel de développement. Des appréciations qui mériteront d’être discutées avec les salariés du site et sur lesquelles nous reviendrons dans un prochain numéro.