Doublement de la voie SNCF

Aix-Marseille : une voie peut en cacher une autre Bruno Colombari

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Six mois après le début des travaux de doublement de la ligne Aix-Marseille, où en est le chantier ? Alors que les riverains de la voie ferrée réclament une adaptation des murs antibruit, nous avons rencontré des techniciens de la SNCF pour faire un point sur ce qui va changer d’ici fin 2008.

Doubler une voie ferrée qui a plus de cent ans n’est pas une mince affaire. Du pont qui relie l’Oratoire de Bouc au puits Morandat, au Sud, jusqu’au lycée agricole de Valabre, au Nord, le chantier démarré en décembre dernier donne la mesure de ce qui était devenu indispensable : une desserte ferroviaire entre Aix et Marseille digne de ce nom.

« Le plus gros des terrassements est fait, explique Didier Fosse, chef de projets à la SNCF. En ce moment, on travaille sur les ouvrages d’art, les ponts au niveau du chemin des prés et de l’avenue de Gaulle. » Du lycée agricole au RD6, les nouvelles voies commencent à être posées. « Il s’agit de traverses en béton et de rails soudés, qui permet de diminuer le bruit lors du passage des trains. Les ballasts ont été entièrement refaits, sur le même principe que les lignes à grande vitesse, » ajoute Yves Girardin, de la SNCF. Il n’y a aucune chance, évidemment, que le record du TGV Est soit battu entre Aix et Marseille, mais ce n’est pas ce que demandent les usagers.

« Pendant les travaux, qui devraient s’achever en septembre sur ce tronçon, le fret ferroviaire est maintenu pour Alcan et pour la centrale thermique. Au Nord de la gare, le chantier fonctionne de 6h à 13h et le fret passe en dehors de ce créneau. » La question du fret est importante, au moins pour deux raisons : les trains de bauxite et de charbon venant de Fos via Rognac et Aix passent par la partie de la ligne qui ne sera pas doublée (entre Valabre et Aix). De plus, il est plus que probable que le trafic augmentera dans les années à venir : Alcan et la centrale thermique n’utilisent le train que pour 40 %, contre 60 % pour la route, avec toutes les contraintes que cela génère.

Le risque est donc sérieux que la partie de la ligne qui va du tunnel de Valabre à la gare d’Aix se transforme en goulet d’étranglement... « L’augmentation du trafic, aussi bien pour les voyageurs que pour le fret, a été anticipée, assure Didier Fosse. D’autant que l’installation de la signalisation automatique permettra un cadencement des trains plus important, toutes les vingt minutes en heure de pointe. La signalisation mécanique était fiable, mais elle ne permettait le passage que d’un train à la fois par canton » [la distance entre deux signaux, NdlR].

Une passerelle à la gare

Fin 2007, les travaux d’aménagement de la gare de Gardanne vont commencer. Le principal changement pour les usagers sera le déplacement des voies accueillant les trains de voyageurs. Ces derniers s’arrêteront côté RD6 et non plus côté gare, où passeront les trains de fret pour Alcan. « L’intérêt, c’est que les manoeuvres pour accéder à l’usine seront facilitées, et ainsi, les trains ne traverseront plus les voies réservées au trafic voyageurs » souligne Yves Girardin.

En contrepartie, il ne sera plus possible de traverser les voies à pied pour rejoindre le quai voyageurs. Une passerelle, avec des ascenseurs pour les personnes à mobilité réduite, les vélos ou les poussettes sera construite au-dessus des voies. Un bâtiment technique sera démoli, et un parvis abrité équipé de tourniquets sera aménagé à droite de la gare. D’ici là, la gare reste ouverte au public pour la vente de billets, du lundi au vendredi (6h05-12h40 et 13h10- 19h15), le samedi (9h05-12h et 14h- 18h) et les dimanches et fériés (9h45- 12h30 et 13h30-17h50).

Un mur antibruit pour les riverains

Une vingtaine de riverains du Village, de la rue Hoche et du chemin des Prés, mitoyens de la voie ferrée, sont venus le 12 avril en mairie pour une réunion publique sur les nuisances sonores générées par l’augmentation du trafic. « Vous nous aviez interpellé il y a quatre ans, au moment de l’enquête publique, souligne Jean-Paul Peltier, adjoint au maire chargé de l’urbanisme. RFF avait alors décidé de construire un mur antibruit de cinquante mètres de long à hauteur du Village. »

Les riverains, eux, estiment que ce sera insuffisant et qu’il faut prolonger le mur pour protéger un plus grand nombre d’habitations. Alain Saillard, directeur des opérations pour RFF, constate : « nous avons des contraintes financières, et nous n’avons pas les moyens de faire des travaux supplémentaires. Nous avons respecté les normes acoustiques.  » Des normes qui sont “lissées” sur 24 heures, alors que pour les riverains, c’est le bruit ponctuel qui est gênant, surtout le soir avec le fret.

Les riverains regrettent aussi la disparition d’arbres le long de la voie, qui constituaient une barrière végétale plus esthétique qu’acoustique. Mais Didier Fosse répond que le nettoyage des abords des voies est indispensable pour des raisons de sécurité, aussi bien en cas d’incendie que de branches cassées.

Concernant les travaux, les riverains, notamment ceux du chemin des Prés, demandent enfin que les camions roulent moins vite, et font remarquer que le damage du talus entraîne de fortes vibrations. Al’issue de la réunion, Roger Meï a demandé à RFF d’évaluer le coût du prolongement du mur antibruit. Début mai, Réseau Ferré de France devait présenter cette estimation aux élus.

3 questions à Jean-Paul Peltier*

A quel niveau la Ville participera-t-elle aux travaux ?

Jean-Paul Peltier : La commune prend en charge 20% du montant total de l’aménagement de la gare SNCF, soit 500000€. La Région y contribue à hauteur de 60% et la SNCF de 20 %. C’est essentiellement la création d’un parvis à côté du bâtiment existant et l’agrandissement de la salle d’attente pour les voyageurs. D’autre part, la Ville a mis à disposition de la SNCF plusieurs terrains le long des voies pour la durée des travaux d’élargissement.

Y aura-t-il des changements de circulation de voies après la fin des travaux ?

JPP : Non. A la fin du chantier, toutes les voies seront rétablies en l’état. Au niveau des ponts, seuls les tabliers sont modifiés, là où passe la voie ferrée, mais la partie route est inchangée.

Les horaires d’Interbus seront-ils modifiés au niveau de la gare routière ?

JPP : Probablement, pour tenir compte du nouveau cadencement des trains (un toutes les vingt minutes en heure de pointe). Ces changements entreront en vigueur début 2009. En attendant, pendant les travaux dans la gare, un bungalow sera installé sur le parvis existant pour la vente des billets SNCF.

* Adjoint au maire chargé de l’urbanisme et des transports