Charte pour l’environnement

Agriculture : valoriser les productions locales Carole Nerini

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Parmi les priorités de la Charte communale de l’environnement, l’aide au développement de l’agriculture locale arrive en bonne place. Dernièrement, la municipalité a rassemblé les agriculteurs gardannais afin de créer un groupe de travail qui réfléchira notamment à la manière de promouvoir les produits locaux et d’accompagner les agriculteurs dans leurs projets.

L’activité agricole gardannaise présente un intérêt économique et social indiscutable. Pourtant, les agriculteurs sont de moins en moins nombreux et les surfaces cultivées sont en baisse constante. Un déclin qui a amené la commune à prendre cette situation en considération en associant les agriculteurs à la réflexion sur le maintien et le développement de l’agriculture gardannaise. En octobre dernier, une première réunion qui a permis de faire le point sur la situation s’est déroulée en présence des agriculteurs. En décembre, ces derniers se sont vus conviés à une seconde rencontre où a été créé un groupe de travail auquel participent également le lycée agricole de Valabre, la Chambre d’agriculture et la SAFER (organisme agricole chargé de la gestion des terres).

Pour Noëlle Bourelly, élue à l’activité économique et à l’agriculture, « il est nécessaire de redonner à notre agriculture locale l’image positive qu’elle mérite. La municipalité s’est notamment engagée dans un premier temps à aider les agriculteurs à promouvoir la production locale. » Comme l’explique Nadège Lacombe, responsable du service du développement économique, « nous avons proposé l’édition d’une plaquette de présentation et de valorisation de l’agriculture gardannaise qui sera diffusée très largement par les agriculteurs qui vendent leur production sur les marchés. Des sacs imprimés leur seront également distribués, les clients repéreront ainsi mieux les produits locaux. »

La Chambre d’agriculture a pour sa part fortement souligné l’importance d’une collaboration de l’ensemble des participants afin d’améliorer la situation. « Nous sommes toujours disponibles pour vous aider dans vos démarches, vous soutenir dans vos projets et vous orienter à chaque fois que cela sera nécessaire, a déclaré Mme Carvin, élue à la chambre. Nous avons des choses à proposer. Pourquoi ne pas penser à développer des activités de type vente et goûters à la ferme, accueil en gîtes, ce sont des pistes à exploiter. Les Français en sont demandeurs, on assiste à un retour de l’intérêt porté à notre terroir, pourquoi ne pas saisir l’opportunité ? » Quant aux jeunes qui souhaitent s’installer, il faut savoir que des aides importantes peuvent leur être allouées. Encore faut-il trouver les terrains exploitables disponibles... Sur cette question, Roger Meï a rappelé à plusieurs reprises, « que la commune avait droit de préemption sur tous les terrains qui s’achètent et se vendent sur son territoire et que les zones agricoles le resteront. Par ailleurs, la participation de la SAFER aux actions entreprises sur Gardanne représente une garantie supplémentaire. »

La situation de l’agriculture locale

Aujourd’hui, sur notre territoire dont 50 % est classé en zone verte et près de 300 hectares classés en zone agricole, on dénombre une dizaine d’exploitations, le lycée agricole de Valabre restant le principal agriculteur de la commune. La production gardannaise est variée : blé, orge, tournesol, fleurs coupées, fleurs en pot, plantes, vins, jus de pomme, et de nombreux légumes de saison, cultivés en plein champ ou en serre. Quant à l’agriculture biologique, elle est inexistante sur le territoire. Les exploitations sont de taille assez modestes. En moyenne, elles comptent une dizaine d’hectares, les plus petites fonctionnant avec 4 ou 5 hectares. Les producteurs écoulent leurs produits sur les marchés de Gardanne et de la région, certains fournissent des grandes surfaces, quelques uns vendent directement sur l’exploitation, d’autres encore fréquentent régulièrement le marché agricole des Arnavaux qui reste un lieu très prisé par les agriculteurs.

Une reprise incertaine

Malgré tout, l’agriculture a ses faiblesses. Si l’on compare les chiffres actuels à ceux d’il y a quelques années, on se rend compte que les surfaces cultivées sont en baisse (561 hectares en 1979, 370 en 1988, contre une centaine d’hectares exploités aujourd’hui, mises à part les terres du lycée agricole). L’élevage de bovins, encore présent en 1988 a totalement disparu. Quant à l’activité viticole, elle s’articule autour de la production des vignes du domaine de Valabre (la coopérative ayant fermé ses portes il y a déjà quelques années). Si l’on considère l’âge élevé des exploitants et les prix des terres qui n’encouragent pas les éventuels repreneurs à se lancer, on voit que des problèmes de fonds restent posés à l’agriculture, à Gardanne comme dans le reste du pays. Et même si au sein du lycée agricole de Valabre tout est mis en œuvre pour favoriser l’insertion des jeunes dans ce milieu, l’installation comme le travail d’agriculteur restent difficiles.

Les exploitants agricoles reconnaissent « qu’il faut de la volonté et de nombreuses heures de travail pour y arriver. Puis il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas propriétaires de nos terres, et que le prix de la location est souvent élevé. Le risque, c’est que le jour où nous cesserons notre activité, et avec des agriculteurs dont l’âge oscille entre 50 et 65 ans, personne ne pourra prendre la suite. » Claude Crudeli est célèbre pour avoir réintroduit sur le marché après cinquante années d’interruption la betterave longue de Gardanne. Agriculteur depuis plus de quarante ans, il loue 20 hectares de terres à l’année, sur les 24 qu’il exploite. « Les prix varient entre 100 et 200 euros par hectare. Moi, mes parents étaient agriculteurs, ils m’ont tout laissé. Pour ceux qui débutent, c’est plus difficile. L’avenir de l’agriculture est incertain, il faut le reconnaître, mais il ne suffit pas de regarder les choses se passer. Je suis seul sur l’exploitation, seul sur les marchés. J’envisage d’ici quelques mois de faire construire un hangar sur ma propriété pour entreposer mes produits et les vendre sur place. Les professionnels du tourisme sont très demandeurs. » Axel Rombaut est étudiant au lycée agricole de Valabre. « Je suis candidat pour une future installation sur la commune, j’ai trouvé les financements, mais les prix sont exorbitants. Je me battrais jusqu’au bout pour y arriver mais il est certain que la conjoncture alliée aux heures et la nature du travail n’encouragent pas les jeunes à se lancer. » Pour éviter de parler de l’agriculture gardannaise au passé dans quelques années, des pistes existent. Afin de les exploiter, le groupe de travail se réunira régulièrement.

Agriculteurs motivés

Robert Olivero et son épouse sont dans l’agriculture depuis 1977. Installés au quartier Payannet, ils exploitent une quinzaine d’hectares, dont 3 qui leur appartiennent. « J’ai 50 ans, je suis le plus jeune agriculteur de Gardanne explique Robert. Je n’ai pas de repreneur direct, nos filles nous aident mais n’en feront pas leur métier. Je suis persuadé que les solutions existent. Dans le courant de l’année, les étudiants du lycée agricole de Valabre nous sollicitent pour des stages et nous les accueillons avec grand plaisir, c’est comme ça que nous passerons la main. » Cela fait dix ans que M et Mme Olivero travaillent avec deux Intermarchés et Champion. Chaque matin, les grandes surfaces sont livrées et la commande est passée pour le lendemain. Les marchés de Biver et Gardanne leur permettent également d’écouler leurs produits. « Le métier d’agriculteur est difficile, on fait souvent plus de 70 heures par semaine, on est tributaire du temps et les vacances sont rares. Il faut que les jeunes soient motivés. Sur une petite surface, un jeune peut s’en sortir. Nous envisageons de prendre quelqu’un pour nous aider, sous forme de tutorat, à condition que cette personne poursuive son activité sur la commune. De toute façon, les rencontres que nous avons au sein du groupe de travail sont faites pour discuter de cela, pour essayer de trouver des solutions ensemble ».